Léna, tu crois vraiment qu'il y a des femmes "faites" pour mener leur grossesse plus loin ?

Bonjour à toutes.... alors, voilà. Je me lance...

Cela fait quelques jours maintenant que je "tourne" autour de ce fil sans oser y rentrer. Sans vraiment oser le lire. Je me disais "là, j'ai pas le temps", etc.... et puis , hier, zhom m'a fait réaliser une chose : nous serons bientôt le 9 mai. Date à laquelle j'ai été hospitalisée en urgence pour MAP. Et quand il m'a dit cela, j'ai senti les larmes me monter aux yeux. Et encore maintenant, là, quand j'écris, ça monte, ça monte.... et ça coule...
Mon histoire n'est rien à côté de certaines d'entre vous, mais je crois qu'elle me pèse. ALors si vous le voulez bien, je vais vous la raconter. Depuis le début.

J'ai donc appris ma grossesse en novembre 2006. Très vite, je me suis doutée qu'il y en avait 2, et j'en ai eu la confirmation à 8SA de grossesse. Grossesse bichoriale , biamniotique, aucun suivi particulier d'après mon gygy. Je lui fais confiance. Et puis, en mars, je découvre le forum. J'y apprends des tas de choses sur les grossesses gemellaires et aussi sur le suivi. En Avril, alors que je n'ai eu que les 2 échos obligatoires traditionnelles, je m'inquiète de cela, et en parle à mon gygy. Tout surpris, il me dit, ah bon ? pas une écho en plus ? mais il le faut !! Donc je prends en urgence un RDV supplémentaire, et fin avril, j'ai une écho morphologique. Pour le reste du suivi, rien. Je dis aussi à mon gygy que je souhaiterais avoir des monitoring de temps en temps, il me répond : pas avant les 7 mois, ça ne sert à rien !! Je demande quand même à voir une sage-femme, pendant tout l'entretien, je suis en larmes, je sens que quelque chose ne va pas, je sens que je devrais être davantage suivie. Elle me rétorque que non, que vu ma première grossesse arrivée à terme (10 jours d'avance quand même), il n'y a rien à craindre !!  Comme beaucoup d'autres, je ne dis rien. Je lui informe aussi que ça tire souvent, et se calme au repos. Elle me dit que tant que je n'ai pas, je cite : "10 contractions douloureuses par jour, il n'y a pas à s'inquiéter". Moi, je n'ai pas mal, ça tire un peu, c'est tout... Nous sommes fin avril, et le WE du 1er mai, nous devons aller avec Zhom et ses collègues faire un WE Thalasso détente aux thermes d'Aix les bains. Je lui demande si je peux y aller, sachant que sur place je ne ferai que piscine et détente. (plus 2 soins visage + pieds.) Elle me donne son accord, mais me donne quand même 2 suppos de (mince, je ne sais plus le nom) pour éviter les contractions pendant le trajet).
Nous partons donc à Aix, où nous passons un super WE. J'ai vu mon ventre gonfler à vue d'oeil. Je pense que les bébés ont profité un max de cette détente +++++.
Le WE suivant, c'est celui du 8 mai.  Je suis infirmière, et je sais que les hôpitaux manquent de personnel ces jour-là. Je ne veux pas embêter les collègues.... donc je ne fais rien. Pourtant, ça tire toujours, et de plus en plus fréquemment. Pour moi, j'en suis sûre, ce sont des contractions. Mais AUCUNE n'est douloureuse !! Elle m'avait dit qu'elles devaient être douloureuses !!! je décide donc de noter les heures de ces contractions sur un papier. Le 7 mai, j'en compte 28, sur la journée. Le 8, j'en compte 27. Le 09 mai, au matin, j'en compte déjà 18. Alors tant pis, il est 13h environ quand j'appelle la mat. Là, je tombe sur une auxilliaire, qui me répond, débordée, qu'elle n'a pas le temps, personne n'est disponible, rappellez dans deux heures.
A 15h, je rappelle : idem.
A 17h, je rappelle : idem.
A 19h, j'ai des contractions toutes les 8 minutes, (mais toujours aucune de douloureuse). Je rappelle : répondeur. Alors là, je préviens mon homme : on y va.
A notre arrivée (5 minutes à peine de route), l'auxiliaire m'installe en ronchonnant, car il y a toujours du monde en salle d'accouchement !! Elle me mets sous monito, sors de la pièce, repasse 5 minutes plus tard, ressort, et là, il y a une sage-femme qui me pose plein de questions : depuis quand, combien, etc.... je raconte mon histoire et mes coups de fils. Elle veut m'examiner : mon col est ouvert à 1 doigt, je suis en MAP. Tout à coup, l'interne arrive, il me fait passer une écho en urgence pour mesurer le col, calculer le poids approximatif des bébés, et il appelle son chef qui décide un transfert en urgence à la mat de niveau 3 la plus proche (moi, j'étais en niveau 2). Avant le départ, on me fait une première injection de cortisone, on me met aussi sous tractocine, qui commence à agir. Je suis en larmes quand on me fait monter dans l'ambulance du SMUR.
il est 22h30 quand j'arrive à Besançon. Là, l'équipe est géniale et rassurante. Je suis hospitalisée, les contractions sont calmée, il n'y a plus qu'à être au repos complet.
Leelou me manque, heureusement, ma maman a pu s'en occuper au pied levé.

Commencent alors des jours d'angoisse à l'hôpital. Entre la crainte des contractions, et ma grande qui me manque..... Heureusement, grâce à Marie-Yvonne et Annette, que je remercie encore, j'ai des échanges avec le forum. Cela m'aide à tenir.
Mais le 16 mai, dans la nuit, nouveau coup dur : je sens de l'eau entrez mes jambes. j'appelle le sage-femme qui confirme que c'est bien du LA. Nouvelle inquiétude. J'ai pu avoir ma deuxième dose de cortisone, mais maintenant, ils ne feront plus rien contre les contractions. Je m'inquiète ++++ pour la santé du bébé. Je crois que sans LA, il ne pourra survivre. Heureusement, le LA se reforme au fur et à mesure.
Mais dans la nuit du 17 au 18, je suis réveillée par des contractions, très douloureuses cette fois. J'en suis persuadée : le travail a commencé. Et ça se confirme.
A 4 heures, zhom arrive, on décide de l'ordre des prénoms en urgence, on décide des 2èmes et 3èmes prénoms en urgence aussi. Je suis à 31+6
A 11 heures, Calie sort, c'est elle qui avait fissuré sa poche, elle respire bien.
A 11h10, Maéline sort, sa poche était intacte, mais elle est toute bleue, et flasque. Zhom qui filme la scène a les larmes aux yeux et moi aussi. La puer la met dans un linge, et la frotte, frotte..... ce qui la fait respirer. Ouf !!! mais elle respire mal. Ils vont vite l'aspirer, et me la ramène sur moi.... 30 secondes, avant de l'emporter en réa. Calie, elle, a eu la chance de rester au moins 10 minutes sur moi.

Et voilà. Après, commencent d'autres doutes, d'autres craintes. Je tire mon lait régulièrement, car je tiens absolument à les allaiter au sein (). Ça se passe bien, j'en ai beaucoup. Elles auront donc toujours eu mon lait pendant la période de néonat... et jusqu'au 11 juillet, date à laquelle on a commencer l'allaitement mixte.
Je vais voir Calie souvent les 2 premiers jours, car je peux la sortir de sa couveuse, et la porter.
Je ne peux pas trop aller voir Maéline car elle est sous masque à Oxygène, donc je ne peux pas trop la toucher.
Heureusement, le 20 mai, elles se retrouveront toutes les 2 en néonat. Là, je donnerai le sein pour la première fois à Maéline qui le trouvera tout de suite. Calie le trouvera le lendemain.

La suite, s'est faite relativement tranquillement : pas d'infections, pas de grosses inquiétudes. Un petit kyste à l'écho cérébrale mais qui s'est résorbé tout seul. Un souffle au coeur pour les deux, mais qui est parti tout seul aussi. Le 13 juin, mes filles sont transférées dans la mat de niveau 2 de ma ville. Là aussi, c'est du stress, car le service est NUL !!! le personnel aussi. Bref !! Beaucoup d'inquiétudes pour rien. Ils m'ont perdu les bonnets de naissance, et tout le monde s'en fout !!

Et maintenant ?
Elles vont avoir 1 an, elles sont en pleine forme. Elles marchent à 4 pattes toutes les 2, Calie se lâche même en position debout. Elles mangent bien. Bref !! c'est le rêve.

Mais je ne peux pas regarder les photos d'avant. Mon père voulait mettre des photos des filles préma avec l'histoire racontée de mon hospitalisation dans l'album de famille, mais j'ai refusé violemment, en lui disant que tout ce qu'on voulait, c'est oublier cela. Il m'a répondu, vexé, que cela était ainsi, qu'il n'y avait rien à oublier.
Je sais maintenant qu'il avait raison.
Mais je ne peux m'empêcher de me dire que je ne suis pas allée suffisamment voir Maéline quand elle était en réa. Je ne peux m'empêcher d'en vouloir à toute l'équipe de la mat de m'avoir mal suivie. Je ne peux m'empêcher de me dire que j'aurais dû appeler plus tôt. Je ne peux m'empêcher de me me dire que je savais que quelque chose n'allait pas et que je n'ai rien fait, etc.....


Voilà. Je vous ai livré mon histoire d'un bloc.
Je vais sècher mes larmes et m'occuper du repas maintenant.

Merci de m'avoir lue.
et Merci d'avoir ouvert ce fil.

Merci Isazou pour ce témoignage, j'en ai les larmes aux yeux. 

Merci Banane 

Lola, excuse-moi à l'avance de ce que je vais te dire, mais comment te sens-tu au fond de toi ?
On dirait que tu gères drôlement bien tes émotions ; c'est çà ou alors c'est que tu n'arrives pas à les sortir ?
Je me rappelle quand tes filles sont nées ; je te sentais à la fois très forte et très fragile ; on essayait toutes de t'insuffler un maximum d'énergie, de soutien ; tu me donnais l'impression de t'en nourrir, pour avancer, pour ne pas craquer.

Quand Eden et Callyste sont parties rejoindre les anges, j'ai eu "peur" que tu craques, mais non, tu as tenu le coup ; pour Olympe, Pénélope et Imanol, je suppose.

Dans ton message à l'instant, on dirait que tu racontes l'histoire de quelqu'un d'autre ....
Du mal à lâcher ce que tu ressens ?

J'espère que je ne t'ai ni vexée, ni bousculée.
 

Isazou, merci de t?être confiée à nous?.Je me doute que cela n?est pas facile pour toi et que ce fil, très utile par ailleurs, a du réveiller en toi des souvenirs douloureux. Tu fais bien de laisser couler tes larmes.
Par contre, il ne faut pas dire que ton histoire n'est rien par rapport à celles des autres. ( Dans ce cas, moi non plus je n'aurai rien à faire ici car mes puces ne sont nées " qu'à " 34 SA. C'est beaucoup par rapport à vous  ). Mais cela fait du bien de parler....

Je ne pourrai pas t?envoyer de message vendredi  ( pas d?internet au pique-nique ) mais saches que je penserai fort à toi ce jour là car je sais que ces dates anniversaires réveillent beaucoup de choses. Le 21 Mars, date de mon hospitalisation l?an dernier, j?y ai pensé toute la journée, même si je n?en ai parlé que vite fait avec mon mari. Je me souvenais qu?à telle heure, il s?était passé telle chose, qu?à telle autre heure, j?étais transférée ( comme toi, en SMUR avec médecin accoucheur à côté et moi folle d'angoisse )?etc?
Le lendemain, par contre, j?y pensais beaucoup moins, le plus dur était fait.
Par contre, le jour de l?anniversaire de mes puces, j?avais très envie de retourner au service des grossesses pathos pour leur montrer comme elles avaient grandi car toutes les sage-femme avaient été supers?Et puis je me suis dit que je ne tomberai sûrement pas sur une que je connaissais et j?ai laissé tomber?.Bref, ce n?est pas le sujet !

Je me souviens très bien du jour où j?avais lu sur le forum que tu étais à l?hôpital, cela m?avait fait quelque chose?Pourtant, on ne se connaissait pas mais tu m?avais déjà laissé des messages très gentils et j?étais vraiment triste pour toi. Peut-être parce que je venais de vivre la même chose ? Je me rappelle que je m?étais fait la réflexion que c?était dommage que tu n?habites pas près de chez moi?.Je ne pouvais pas faire grand-chose pour toi, malheureusement?.

Ton message est très touchant, j?espère que tu vas arriver à te débarrasser de ton sentiment de culpabilité. CE N?EST EN RIEN TA FAUTE. Le personnel, tout débordé qu?il soit aurait dû t?écouter, te dire au moins de passer pour un contrôle rapide, tu n?y es pour rien. Mais comme l?avait dit Véro, il faut du temps?.
Les contractions n?ont pas besoin d?être douloureuses pour être efficaces ( j?en sais malheureusement quelque chose ). A moi aussi, des sage-femmes m?avaient dit par téléphone d?attendre avant de venir et de prendre un Spasfon?.

N?oublies pas que nous sommes là et que si tu as besoin de parler pendant ce mois de mai ( ou même après d?ailleurs !!!! ), il y aura toujours quelqu?un pour t?écouter.

Gros gros bisous.


NB : Merci Banane pour ton gentil message. 

Izasou je viens de lire ton message et j'ai encore des larmes pleins les yeux... En effet, je crois que je ne l'ai jamais dis à personne, mais oui l'hospitalisation pour MAP m'a beaucoup marqué. pendant ces 6 semaines à  l'hôpital j'ai toujours souri, étais de bonne humeur, je me suis jamais plainte. Quand je suis arrivé au urgence le 8 Août vers 22H00, j'étais seule, bien oui cela faisait 6 fois que j'y allais pour rien alors là en partant j'ai dis à mon zhom de rester devant la télé que comme d'habitude je m'inquiétais pour rien et que dans deux heures au plus j'étais de retour.... deux heures après je lui tél mais pour lui dis que mon col étais à 15 et que la tête d'une des petites appuyé, et que les contractions étaient malheureusement bien présente, donc j'étais hospitalisé....Même là je ne me suis pas inquiète, j'ai souri, et quand je me suis retrouvée dans ma chambre j'ai pas bien compris. Ce n'est que le lendemain, quand les sages femmes sont venues pour les piqûres de Corticoïdes que là j'ai compris, mes petites risquaient d'arriver bien trop tôt.
J'ai alors refusé les piqûres de corticoïdes, cela va vous paraître bête, mais je ne voulais pas que l'on touche à mes filles, je voulais absolument que si elles arrivaient, on les laisse partir tranquillement, mais surtout que l'on fasse rien pour les retenir, je ne voulais pas qu'elle souffre toute leur vie, d'un handicap quelconque, de passage à l'hôpital, qu'elles souffrent parce que coûte que coûte je voulais être maman, je ne voulais pas par égoïsme faire souffrir mes enfants, si elles arrivaient je voulaient qu'on les laisse partir tranquillement... Qu'est ce que j'ai pu pleurer la tête dans mes draps pour que personne ne m'entende, qu'est ce que j'ai pu pleurer quand Olivier m'a dit qu'il n'était pas d'accord avec ma décision et qu'il voulait ces filles à la maison..... J'ai tenu, et chaque jour était une victoire, avec Olivier, nous avions décidé de faire les piqûres de Cortico à 28 6mois je trouvais le terme raisonnable, j'ai tenu jusque 32 et les filles sont nées sans souci particulier.
Le plus dur dans toute cette attente, c'est le bruit des autres bébés dans les couloirs, les mamans que l'on peux croisé quand une fois par semaine on nous emmène à la douche, les femmes enceintes dans les salles d'attente debout en pleine forme, les voisines de chambre qui partent pour accoucher et ne jamais se plaindre parce que ce que l'on fait c'est pour nos petits et il faut tenir jusqu'au bout. Moi je voulais rentrée à la maison, mais quand à 31 SA les contractions ont repris, là je me suis dis maintenant c'est bon je veux mes bébés, et je savais que je n'irais pas plus loin, même si il était trop tôt je voulais mes bébés, j'en avais assez de tout, de me battre. Enfin tout cela pour dire que je crois qu'accoucher trop tôt est une vrai souffrance, et que l'on met du temps pour se  remettre.
Je ne m'exprime pas très bien, mais je trouve cela dur de raconter ce qui est enfui au plus profond de nous.

Cette sensation qu'on t'a volé ta grossesse, je la comprends bien Isazou. Je pense qu'on doit toutes ressentir la même chose. Après mon accouchement je ne supportais pas de voir des femmes enceintes se plaindre ou dire "si il pouvait arriver maintenant" alors qu'elles étaient à un ou deux mois du terme.

merci pour ton récit Isazou. En beaucoup de points nos histoire se rejoignent. Le premier anniversaire de mon hospitalisation en MAP a été aussi dur à vivre. Et encore plus trois ans plus tard, quand j'ai été enceinte de ma fille. J'avais à la fois la crainte de revivre ça et en même temps je me disais: si elle arrive à 32 SA, je sais ce qui se passera, je l'ai déjà vécu.

M.priscille, je me revois aussi dans ton témoignage.

Dans la clinique où j'étais il y avait un étage réservé aux grossesses à risques, ce qui fait qu'on ne croisait pas beaucoup de jeunes mamans. Par contre, une fois que j'ai accouché, je me suis retrouvée dans une chambre normale. Dans cette clinique entre chaque chambre, il y avait un coin nursery commun à deux chambres. Et dans la chambre avec qui je partageais ce coin là (et dans lequel je n'allais pas puisque mes enfants étaient en néonat), il y avait une maman et son bébé. Pour être tranquille, elle faisait dormir son bébé dans la nursery et j'entendais ses pleurs comme si j'y étais, alors que moi, je ne pouvais pas aller voir mes bébés... C'était très dur d'entendre cet enfant pleurer.

Une autre chose que j'ai eu du mal à accepter après la naissance: quand Téo et Bastien sont rentrés à la maison, ils avaient un mois, c'était en juin. rapidement, je suis allée les promener en poussette. J'allais dans un parc et systématiquement les gens me disaient (gentiment): "ô comme ils sont petits". Et à chaque fois, j'en avais les larmes aux yeux. Je ne supportais pas ça. J'avais l'impression à chaque fois qu'on me renvoyait en pleine tête leur prématurité. Aujourd'hui je me rends compte que ce n'était pas ça,  que ces remarques c'était simplement car un bébé d'un mois c'est petit.

JM-Maud: plein de pensées +++++ et de courage pour ces jours difficiles.