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Lyly et ses 3 amours
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« Répondre #62 le: 14 Avril 2013 à 23:34:33 » |
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Mymyemb,
J'attendais de tes nouvelles avec grande impatience...
Au fur et à mesure où j'avançais dans la lecture de ton message, ma gorge s'est nouée et mes larmes sont montées.
C'est profondément attristé que j'apprends l'envol de ta magnifique princesse auprès de mon petit Charly...
J'ai de douces pensées pour ta princesse au visage d'ange...
C'est horrifiée que j'ai vu, les douloureuses épreuves que tu as traverser avec la séparation de tes bébés dans des hôpitaux différents. Durant, les différents transferts que nous avons eu, j'ai été séparé de ma fille durant 2 longs jours et une nuit et ça a été un calvaire, je n'ose même pas imaginer ce que tu as dû ressentir durant cette séparation qui a dû sembler interminable.
Je n'ai pas vu le film "inception" mais je comprends exactement ce que tu ressents.
Le monde dans lequel tu vis ne t'appartient plus. Tu es dans ce que j'appelle : "une dimension parallèle cauchemardesque". Tu vis réa, tu mange réa, tu dors (enfin quand tu y arrive) réa. Toute ta vie ne tourne qu'autour de la réa.
A cette période et encore maintenant, je suis incapable de te citer un fait important qu'il y a eu dans le monde car j'étais coupé de ce monde. Je ne savais absolument rien de ce qui se passait autour de moi.
Je suis revenu à la réalité un long moment après que les loulous soient rentrés à la maison et ça s'est fait progressivement.
Quant au retour à la maison… je l’ai vécu comme une 2eme naissance mais avec un bonheur incomplet car il manquait un de mes bébés
J’étais si heureuse mais pas « totalement » heureuse.
D’ailleurs d’un côté j’avais dû mal a y croire, ils étaient enfin là, à la maison avec toutes les épreuves que nous avions traverser, j’avais peine à croire que la séparation c’était bien fini et que je pouvais prendre mon rôle de maman à plein temps.
Et que si je ne dormais pas de la nuit ce n’était par angoisse mais parce que j’avais des biberons à donner.
Mais c’est aussi à ce moment, que j’ai violemment pris conscience de tout ce que je ne pourrai pas vivre avec mon petit Charly.
Quant tu perds un enfant dans les conditions dans lesquels nous les avons perdu, c’est si triste à dire mais tu n’as pas le temps… Tu n’as pas le temps de vraiment réaliser ce que se passe. Tu n’as pas le temps de faire ton deuil. Tu n’as pas le temps de t’effondrer, de te laisser aller, de ne penser à rien d’autre qu’a ton enfant qui est parti parce que tu dois te battre sans relâche auprès de tes 2 bébés qui s’accrochent à la vie avec une telle force que tu es incapable d’abandonner, ne serait ce qu’un instant.
Mais quand tu es chez toi et que la vie est censée reprendre son cours, tu réalise que tu aurais dû donner un biberon à ce petit bébé qui est parti, tu aurais dû le changer, le câliner, le coucher mais tu ne peux pas le faire.
Je ne sais pas si cela vient du fait que ce sont des gestes naturelles qu’une maman fait pour s’occuper de son bébé qui te fait réaliser. Parce que quant tu es en réa, tu t’occupe de ton enfant de façon pas « normal », tu changes les couches en prenant grand soins de ne faire désaturer ton enfant ou de ne pas accrocher les innombrables fils relié à leur petit corps. Tu n’es pas dans un contexte normal et tu es toujours bloqué dans cet univers parallèle.
Pour moi, ce retour à la vie « normale » à été une violente prise de conscience quant à la perte de mon petit bébé.
Et puis j’ai été extrêmement angoissé jusqu’à il y a peu…
Je regardais constamment mes bébés juste pour voir s’ils respiraient parce que les voir pendant près de 3 mois respirer avec une machine et les voir respirer seuls à la maison seulement 10 jours après leur sevrage d’oxygène, je trouvais ça angoissant.
Nous avons également acheter des détecteurs de mouvement pour mettre dans leur lit car le peu de temps où je pouvais dormir (donc quand je ne donner pas de bib) je me levais pour voir s’ils respiraient.
Je me suis résigner à les mettre dans leurs chambres au bout de 4 mois et demi après un long discours de mon médecin traitant qui m’expliquait que je devais arrêter de m’angoisser d’autant plus qu’on avait ces détecteur de mouvements.
Mais je pense que ma plus grande peur, c’était les microbes…
Le pédiatre qui nous a fait sortir, nous a dit de ne pas les mettre en contact avec les gens les 1er temps, c’est-à-dire pas de magasins (ce qui est tout à fait logique) mais aussi pas à bras, ni bisous avec les membres de la famille.
Je dois dire que sur ce dernier point, j’étais rassurer. Parce ce que je voulais garder mes bébés pour moi toute seule !!! J’en avais parler à la psy avant notre retour et elle m’a dit que c’était tout à fait normal.
Le fait de la grossesse tronquée, la perte de notre petit bébé, la longue et très douloureuse séparation d’avec nos bébés, le fait de devoir les « partager » avec des centaines d’autres personnes (pédiatres, chirurgien, puer etc…).
Cela m’a rendu un peu possessive (tout ce que je déteste) et je laisse les gens prendre mes bébés que depuis 1 mois ou 2 (alors que bon ça aurait pû se faire avant) et encore au début, je surveillais constamment les moindres faits et gestes que les gens ont envers mes enfants.
Pour ce qui est des sorties, je commence aussi à les sortir (dans les magasins, dans la famille) parce que je me rends compte qu’ils grandissent, qu’ils sont moins fragiles (mais aussi que la grosse période hivernal est passé ou du moins on l’espère) et aussi parce qu’ils et j’en ai marre d’être cloîtrer chez moi (avec très peu de visites) depuis des mois et des mois.
Je me suis aussi fait violence en me disant que je ne leur rendait pas service en les faisant vivre dans un milieu clos avec un minimum de microbes, en faisant ça, je ne fais que les fragiliser d’avantage…
Mais au-delà de toutes ces peurs et ses angoisses, il y a tout ce bonheur qui envahit la maison .
Tu n’oublies jamais ce que tu as vécu en réa, mais les mots : « désaturation, oxygène, capteur de sat, fio2 etc… » se range dans un coin de ta tête pour que les mots « bains, biberons, câlins » prennent place.
Bien sûr, il y a un suivi très régulier (surtout la 1er année) qui est très difficilement supportable parce que quand tu es sorti de l’hôpital, tu n’as plus jamais envie d’y retourner mais on ne peut pas sortir de l’extrême prématurité comme ça du jour au lendemain. Mais au fil des moins cela devient un peu moins pesant.
Quant à l’organisation pour la « gestion » de 2 bébés pour moi s’est venu très naturellement.
Tout d’abord parce que comme toi, j’étais psychologiquement préparé à accueillir 3 bébés alors 2 ça parait « facile ». D’ailleurs, je pense que c’est pour ça que les mamans de triplés ne se plaignent jamais c’est parce qu’elles sont des vrais warriors d’un point de vue mental (bisous mes triplettes).
Et puis ce sont aussi mes premiers, je n’ai jamais connu rien d’autres alors pour moi m’occuper de 2 bébés c’est tout de qu’il y a de plus « normal ».
Mais aussi et surtout, notre parcours nous fait voir la vie différemment à présent. Si quand on me pose la question « ah 2 bébés et c’est pas trop dur ? » je réponds « ben non » c’est comme ça que je le ressents mais ce n’est pas comme ça que s’est vu par l’entourage.
Mes bébés ont eu énormément de coliques, un très gros RGO et je n’ai jamais été aider par la famille (et très peu par le papa). Au début, ils pleuraient toute la journée et je ne dormais qu’entre 1h30 et 4h par tranche de 24 heures. Ce qui peut paraître épouvantable pour certains mais pas pour moi parce que comme je l’ai déjà dit dans un autre fil, pouvoir profiter d’eux (même dans les moments les plus difficiles), juste les avoir en vie auprès de moi m’aider à surmonter tout ça.
J’espère que tes bébés n’auront pas ces problèmes de colique et de RGO mais aussi que tu seras aider par ton mari et ta famille. Mais tu verras dans les moments de fatigue (parce que oui, il y en aura) tu te rendra compte que tu as une force que tu ne soupçonnais peut être même pas parce que tu seras porter par l’amour de tes enfants.
La sortie de tes bébés n’est pas imminente mais elle arrivera bien plus vite que tu ne le pense (crois moi)
Surtout quand tu seras de retour à la maison, ne te laisse pas gagner par ces angoisses comme j’ai pû l’être (ça te pourri la vie). N’hésite surtout pas à en parler, c’est très important.
Je suis désolé pour ce lllooooooonnnnnngggg pavé mais je pense qu’on ne peut pas expliquer le vécu de telles épreuves en seulement quelques mots.
Tout ceci, c’est mon vécu, je n’en fait pas une généralité, peut être le tien sera différent mais j’espère juste que si toi aussi tu passes par ce chemin, tu te sentes moins seule.
Parce que je ne sais que trop à quel point parfois on peut se sentir seule…
Et tu le sais, si tu veux parler je suis là…
J’envoi des milliers de bisous tout doux à ta princesse, des milliers de bisous remplient de forces pour tes princes et des milliers de bisous remplient de courage pour toi.
Je pense très très fort à vous 5.
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