J'ai décidé de vous ouvrir mon coeur parce que visiblement je n'arrive pas à gérer toute seule et parce que j'éprouve un sentiment de frustration car peu de personnes me comprennent. Donc...

Je suis tombée enceinte en juin dernier suite à un problème de contraception, juste quand nous avions décidé de ne pas avoir de 3e enfant. Nous avons déjà des jumelles de 3 ans qui nous prennent pas mal de temps, et nous souffrons mon mari et moi de fatigue chronique, même si nous sommes les plus heureux du monde de les avoir. Bref, ce fut un choc, et pour moi il était hors de question de me faire avorter car j'ai dû subir un avortement quand j'étais plus jeune qui m'a marquée à vie. Après 2 semaines de réflexion, nous avons décidé de  le garder. Nous étions très très heureux de cette grossesse, j'étais sur un nuage, car au fond de moi j'avais un très fort désir d'avoir un dernier enfant. Quant à mon mari, il était sincèrement heureux également et nous commencions à planifier notre avenir avec un 3e enfant.

Malheureusement, le jour de l'échographie du 1e trimestre, on n'a détecté aucune activité cardiaque, ce fut un choc terrible. J'ai été hospitalisée pour un curetage, et cela s'est terminé comme ça. Au début, j'étais dans le déni, puis ça m'est tombé sur la tête, normal...

Mais la 2e difficulté a été d'affronter le fait que mon mari n'avait pas forcément envie de se relancer, alors que moi, c'était mon plus grand désir. Cette grossesse non planifiée a tout changé pour moi, mais pas pour mon mari. Il m'a écrit qu'il ne s'en sentait pas capable physiquement, que c'était différent quand j'étais enceinte, mais qu'après cette épreuve, les raisons qui nous avaient poussé à décider de nous arrêter là étaient toujours les mêmes pour lui... Alors que pour moi, ça avait tout changé. Je pensais qu'on allait s'y remettre tout de suite, qu'on allait pas rester sur un échec, mais je me suis trompée.
Je passe les détails un peu désagréables de l'entourage qui fait clairement sentir à un couple qu'avoir un 3e enfant ne serait pas une bonne idée, je trouve ça tellement insultant et déplacé. J'en entends encore des RALC, la dernière en date étant "Tu sais, c'était peut-être mieux comme ça". Non, ce n'était pas mieux comme ça, comment peut-on dire cela à une femme qui a perdu un bébé? Cela me met très en colère.

Heureusement j'ai deux amies à qui je peux en parler, mais bizarrement, mon mari n'arrive pas à trouver les mots cette fois-ci, lui qui m'a toujours soutenue. Il est désemparé face à mon malaise, sans voix, ce qui n'aide pas. Clairement, il ne m'a pas dit "on n'aura pas de 3e enfant", mais pour lui, ce n'est pas possible en ce moment, il veut qu'on y réfléchisse et qu'on prenne du temp, et il ne veut surtout pas que je veuille tomber enceinte pour oublier cette FC. Personnellement je trouve cet argument débile, car le personnel médical que j'ai rencontré m'a souvent dit que c'était plus facile si on s'y remettait, que ça permettait de passer à autre chose. Et moi, eh bien je n'ai rien devant moi. J'ai parfois honte de me dire que ma famille ne me suffit plus, mais je souffre en silence, comme un chien, tous les jours. Je garde bonne figure quand mes enfants et mon mari sont là, et quand ils sont partis, je m'effondre et je passe mes journées à pleurer.
Mon mari a le désir d'un autre enfant, mais il ne s'en sent pas capable maintenant, et pour être honnête, je ne vois pas comment il pourrait changer d'avis, à moins qu'on gagne au loto et qu'on ait une intendante à plein temps à la maison.

J'ai bien essayé d'aller voir une psy, parce que je savais que cette épreuve pouvait détruire notre couple et notre famille; ça s'est bien passé la première fois, mais la seconde fois elle m'a sorti des RALC du style "vous intellectualisez trop", "vous savez une FC c'est très courant" (ouais et alors, ça veut dire que c'est interdit de souffrir?), "vous n'allez pas y penser pendant des mois", "vous allez faire fuir votre mari", "si vous voulez un enfant à votre âge, il faut vous y mettre maintenant". A croire qu'elle ne m'avait pas vraiment écoutée et qu'elle était trop occupée à envoyer des SMS, parce que justement, mon mari, il ne veut pas...

Pardonnez-moi, il y a beaucoup de souffrance et de colère qui ressortent dans mon récit, mais j'ai besoin de vider mon sac.

Donc voilà, je ne sais pas ce qui est le plus dur pour moi, si c'est d'avoir fait cette FC et d'avoir à l'accepter après le bonheur ressenti et les projets qu'on faisait, ou d'avoir à accepter que j'ai un désir d'enfant plus fort que tout et que je vais peut-être devoir y renoncer. Cette incertitude me ronge et devient une obsession, car j'ai 40 ans, et je n'ai donc pas vraiment le temps d'attendre si je veux un 3e enfant.
Je comprends les raisons qui poussent mon mari à me dire qu'il ne se sent pas capable, je ne lui en veux pas, car je sais qu'il a raison. On travaille tous les deux beaucoup, on a à peine le temps de s'occuper de nous-même, les petites nous prennent beaucoup d'énergie. Mais tout ça c'est le discours de la raison. A coté de ça, il y a moi qui souffre, qui ai l'impression d'être incomprise, délaissée, et surtout obligée de se sacrifier pour la raison. Moi, c'est mon coeur qui parle, et j'ai tout simplement mal, je n'arrive pas à passer à autre chose et à regarder devant moi, je suis meurtrie, et je me sens horriblement seule dans ma souffrance.

Je sais que nombre d'entre vous ont vécu des choses bien plus difficiles, mais aujourd'hui c'est à mon tour de demander un peu de soutien car je ne m'en sors pas toute seule et j'ai besoin que ça sorte. Vous m'avez toujours beaucoup aidée dans les épreuves rencontrées depuis le début de mon aventure dans le monde des multiples, donc je me tourne à nouveau vers vous... Merci.

Mafalda,

Quand je lis ton récit, je sens que toi et ton mari communiquez beaucoup et ça c'est très important.

Pour l'instant vous n'etes pas sur la meme longueur d'ondes, chacun réagit différemment à une perte.
Laisse lui quelques mois pour encaisser et essayer d'en rediscuter dans quelques mois.Tu vas passer par toutes les epreuves du deuil: la colère, la tristesse, mais un jour tu vas de nouveau entre apercevoir un rayon de soleil et te remettre.
Tu as déjà la chance d'avoir d'autres enfants et ils vont t'aider à aller mieux car on a pas le choix pour eux, on doit se battre.

Pour la psy, elle a a mon avis essayé de creer un electrochoc pour te faire réagir mais je comprends entierement ta réaction et ta frustration: tu as du te dire mais elle a rien compris du tout celle la.
Quand j'ai perdu mes petites mon medecin traitant m'a dit tout le monde fait des fausses couches c'est fréquent: j'étais hors de moi.
Changes-en si tu sens que tu en as besoin et qu'elle ne te convient pas.

J'espère que ces quelques mots tauront apaisé ou un peu aider.

Bon courage en tout cas.

Salut Mafalda,

je ne suis pas dans la même situation (j'ai perdu mes 2 puces issues d'une première FIV en juillet et n'ai pas d'autres enfants) mais je comprends tout à fait ta colère envers ceux qui ont des paroles blessantes : non ce n'est pas mieux comme ça et oui c'est courant mais ça fait mal. Alors laisse toi le temps de vivre ton deuil (car c'en est un) et j'espère qu'avec ton mari vous allez pouvoir être sur la même longueur d'ondes bientôt. Il faut parfois du temps pour penser de la même façon face à un drame, comme dit Mavina.

De gros bisous

C'est probablement un mélange des 2 : le deuil de la FC, et le constat d'une envie légitime auquel il te semble aujourd'hui devoir renoncer.

Je ne suis pas quelqu'un qui renonce, je ne suis pas non plus quelqu'un de raisonnable. Et la maternité est un enjeu qui à mon sens dépasse toute raison. Mais dans un couple, un enfant se fait à 2... Je ne sais pas quels sont les leviers qui permettraient à ton mari de changer d'avis. Mais il a changer d'avis une fois, alors j'ai envie de dire que rien n'est perdu .
Insiste . Lourdement . Sur ton envie de 3ème, au delà de ta tristesse liée à la FC, je pense que c'est la dessus qu'il faut que tu creuses pour arriver à convaincre ton mari. Pourquoi, toi, as-tu changer d'avis (tu ne le dis pas vraiment ). Et c'est avec ces arguments là que tu arriveras, je l'espère, à le convaincre .

A +

Merci beaucoup pour vos messages réconfortants, cela m'a fait vraiment du bien de me sentir comprise et de vider mon sac. Comme je l'ai dit, ma peine n'est rien à comparer à côté de celle de certaines famille, j'ai deux enfants qui me comblent, mais je suis en souffrance et j'ai besoin d'évacuer ce malaise.
Je crois que le temps fera son travail, c'est ce dont nous avons besoin tous les deux, mais c'est ce qui parfois me rend folle aussi, car mon désir fort d'enfant, lui, n'a pas envie d'attendre.
En parlant à un ami, j'ai compris que ce que mon mari attend de moi, c'est que j'aille d'abord mieux et qu'on se concentre sur notre famille pour voir éventuellement où on en est dans quelques mois. Je vais donc essayer d'être plus patiente, de continuer à communiquer, et quand les coups de douleur me prendront, je viendrai vous retrouver, car ce lieu de partage est vraiment salvateur, et même si nous ne nous connaissons pas toujours, nous nous comprenons.
Merci, mille fois, vraiment.

Merci Franck, je suis toujours touchée par les messages des papas, car vous êtes les grands oubliés. Je l'ai vu quand j'ai fait ma FC, personne n'a demandé des nouvelles de mon mari, tout tournait autour de moi, et lui il faisait des cauchemars, se réveillait en nage, je voyais qu'il était très mal. C'est assez injuste, car vous ne risquez pas d'aller toquer chez votre meilleur ami en larmes pour vider votre sac, vous devez tout garder pour vous.
Pour lui, plus que le malheur de ce triste évènement, c'est la difficulté d'élever nos filles (fatigue chronique, manque de temps, sensation de ne parfois pas arriver à gérer, zéro temps pour le couple) qui le freine. Il m'a dit qu'il désire un autre enfant car il adore les bébés, mais élever un enfant c'est autre chose, il a peur que notre couple explose en plein vol, que nos petites qui ont vraiment eu besoin de nous pour la rentrée à l'école n'aient pas toute l'attention dont elles ont besoin.

Personnellement je ne souhaite pas avoir un enfant pour en remplacer un autre. J'ai aimé ce petit être pendant 3 mois, mais je n'ai pas eu le temps de le "voir" vraiment à l'échographie, et je pense que c'est ce qui fait la différence avec une FC tardive, qui est autrement plus tragique. Cela va paraître peut être horrible de dire ça, mais quand j'ai vu ce trou béant dans mon ventre à l'écho, ce rien, tout a basculé, je suis passée de l'amour à l'horreur et même si je ne renie pas mon petit ange, j'ai tout de suite compris qu'il était parti, donc je ne me suis pas appesantie sur lui comme j'aurais pu le faire quelques semaines plus tard, l'attachement n'était pas aussi fort que ce que j'ai pu ressentir en milieu et fin de grossesse avec mes filles.
J'ai tout simplement envie d'un autre enfant pour nous, pour notre famille, et pas envie d'attendre parce que dans 2-3 ans je pourrais faire une croix dessus...

Merci en tout cas et j'espère tous que vous pourrez agrandir vos familles rapidement.
Je vous souhaite à toutes et tous une joyeuse fin du monde et de très bonnes fêtes 

Marimimi tes paroles résument tout à fait mon histoire, un rêve qui s'écroule, c'est très dur...

Je comprends tout à fait les mamans qui on perdu des jumeaux à un terme très avancé, je pense que j'aurais été démolie si j'avais perdu Lily & Louise. J'ai eu l'occasion d'accompagner une maman qui a perdu des jumeaux à 24SA et j'ai vraiment été dévastée par des semaines. Tu as raison, la peine ne se mesure pas au temps passé mais au rêve, mais je pense quand même que ma douleur est atténuée par mes filles, quand je suis avec elles, je reprends le dessus, ça aide beaucoup.

Après, je ne sais pas que penser de ce que ta psy a dit Marimimi, je pense que toute histoire est particulière et que dans ton cas, s'il fallait faire un deuil, il fallait le faire. Maintenant je pense qu'il y a aussi beaucoup de vérité toutes faites que l'on dit dans ces cas-là et c'est aux parents de réagir selon ce dont il ont besoin. Je suis un peu remontée par les vérités bien ficelées.

Je ne sais pas si je m'exprime bien car dans ton cas particulier, tu vis encore un deuil terrible et tu accueilles la vie, ce qui doit être extrêmement dur. J'ai vu beaucoup de maman à qui ça arrivait lorsqu'un jumeaux décédait et que l'autre restait, c'était juste impossible comme situation, je pense que c'est très dur.

Dans mon cas, j'aurais peut-être besoin de temps, mais j'ai 40 et je fais bien le distingo entre ce que j'ai vécu et entre ce que j'aimerais vivre maintenant. Mon deuil n'est pas le même car je ne peux pas comparer ma souffrance à la votre, j'ai même honte de me plaindre quand je lis ce que vous avez vécu, je vous trouve si courageuses...

Mais voilà, mon échographe, qui est la plus grande spécialiste de Montpellier a tout de suite dit "Ne restez pas sur un échec" quand on a quitté son cabinet en larmes. Je n'ai pas compris tout de suite, je lui en ai même voulu, mais elle me l'a répété quand je l'ai revue et voici ce qu'elle m'a dit: "Le temps, croyez-moi, n'y change rien, ça fait 30 ans que je fais ce métier, et les femmes se remettent mieux si elles ont un but, si elles réessaient. Avant, c'était moins compliqué, on faisait moins de chichis, les enfants venaient on n'avait pas le choix et on faisait avec".
Elle est très cash et on peut ne pas être d'accord avec elle, mais une chose intelligente que m'a dit la psy que j'ai vue, c'est que le fait d'avoir à présent le choix (et attention ça ne veut pas dire que je suis contre la contraception du tout, c'est juste un constat), c'est que ce choix a gravement foutu la merde dans plein de couples... Mais bon le sujet que j'aborde est très sensible.

Tout cela pour dire que tout dépend de qui on est, de comment on vit les choses, chaque personne est unique. Mais pour celles qui ont subi une perte dévastatrice comme certaines d'entre vous, je peux vous dire que le jour où vos enfants seront là, cela va vous guérir de beaucoup de choses. J'ai été contrainte d'avorter il y a 15 ans et cela m'a démolie (une grossesse désirée par les 2 et le futur papa se débine au dernier moment). Au fond de moi je crois que l'on ne se remet jamais de choses aussi dures, mais quand mes filles sont nées, beaucoup de choses ont été guéries, elles m'ont vraiment apporté un réconfort, même si j'ai attendu de longues années avant de les avoir, maintenant, tout cela est très loin derrière moi, j'en ai fait le deuil.
C'est vraiment tout ce que je souhaite à celles d'entre vous qui n'ont pas encore d'enfants.
Et pour ce qui est des FIV, si ça peut vous rassurer, 3 mamans de mon groupe des novembrettes 2009 ont eu des jumeaux par FIV et leur grossesse a été suivi d'une grossesse spontanée dans l'année qui a suivi alors qu'elles avaient mis parfois des années à avoir des enfants, ça donne de l'espoir!

Bonjour Mafalda

après ces longs mois comment te sens tu?