Voici le récit de mon accouchement, l'un des plus beaux jours de ma vie.
Je vous ai écrit un roman, je préfère vous prévenir
Je devais donc être déclenchée le mardi 07 mai, à 38 SA + 5.
J'appelle donc le CMCO à 6h30 pour savoir si je peux venir. Ils me demandent d'être présente pour 8h. Je ressens une grande impatience, car je sens que les événements qui suivront me marqueront pour toujours, et en même temps une crainte, la peur de l'inconnu. Tout est prêt chez nous, les valises sont déjà dans le coffre depuis 3 jours. La sage-femme en Suivi Intensif de Grossesse nous a prévenu qu'un déclenchement peut prendre jusqu'à 24 heures environ et j'ai l'intuition que ce sera le cas.
Nous arrivons donc au CMCO et sommes directement pris en charge par une sage-femme très avenante. Elle m'emmène faire une petite échographie pour bien vérifier la position des bébés, qui heureusement sont toujours en céphalique, J1 la tête sur mon col depuis déjà 3 mois et J2 un peu au dessus.
L'échographiste me dit que j'ai un col de compétition, et que c'est très rare d'arriver à ce terme pour une grossesse gémellaire. En effet, mon col est toujours fermé à ce moment-là …
Puis, la sage-femme m'installe en salle d'accouchement afin de faire un monitoring : j'ai quelques contractions mais irrégulières et de faible intensité. On me pose donc le propess constitué de prostaglandines, avec pour objectif la maturation de mon col. A nouveau, un cycle de monitoring, où les contractions deviennent plus régulières mais toujours plus faibles. A midi, on nous envoie donc dans notre chambre, la plus grande du CMCO, spécialement conçue pour les jumeaux et on installe le lit d'appoint de mon fiancé et on me ramène un plateau-repas. La nourriture n'a pas vraiment de goût et je suis donc contente que l'on ait achetés des sandwichs le matin même.
Je dois redescendre toutes les 2 heures pour un monitoring : à 14 heures, je sens que les contractions sont bien plus fortes et je dois m'arrêter plusieurs fois dans le couloir. En effet, elles ont bien augmenté d'intensité et sont régulières toutes les 3 minutes environ. On me refait un toucher et malheureusement, le col n'a toujours pas bougé ! La sage-femme me donne donc du spasfon et me dit de prendre une bonne douche chaude. A ce moment-là, les monitoring sont déjà un calvaire car j'ai des contractions par le dos, toute la zone du bas du dos est très douloureuse, je ne sais plus comment m'installer sur le lit. On retourne en chambre et mon chéri décide d'aller à la pharmacie pour une crème de massage et essayer de me soulager. Ouf, je suis un peu soulagée et supporte mieux le monitoring suivant, mais mon col est toujours fermé.
Dernier contrôle à 22 heures : les choses n'ont pas bougé même si j'ai déjà de bonnes douleurs et que les contractions sont régulières … La sage-femme me donne le prochain rendez-vous à 4 heures, mais elle rajoute « Je sens que l'on va se revoir avant, surtout revenez si ça devient ingérable ». A 23 heures, on décide d'essayer de dormir mais je sais déjà que ce sera impossible pour moi. J'essaye toutes les postures imaginables mais aucune ne soulage mon dos. Mon fiancé dort paisiblement et moi je souffre en silence, je sens que les contractions ont franchi un cap mais j'attends pour être sûre qu'elles soient bien régulières. Je tente de rester assise puis je me met debout et puis tout à coup la douleur devient trop forte : je suis accrochée au lavabo et commence à pleurer. Mon chéri m'entend et me demande depuis combien de temps je suis dans cet état : il est 00h40 et cela fait 1 heure que j'ai des douleurs très fortes. Il me dit « Tu as le choix : ou j'appuie sur la sonnette d'urgence ou on essaye de marcher vers la salle d'accouchement ». Je préfère essayer de marcher, sauf que je n'imaginais pas que ce serait une telle expédition... Je m'arrête presque tous les 2 mètres pour m'appuyer sur la barre car je suis comme paralysée du dos. Heureusement, je suis épaulée par Olivier et nous arrivons à bon port. La sage-femme me dit tout de suite « votre visage s'est transformé », en effet il est marqué par la douleur et des gouttes commencent à perler sur mon visage. Je sais déjà qu'un monitoring m'attend et alors que pendant toute ma grossesse j'adorais écouter le cœur des bébés battre, à ce moment-là, je vois ça comme un calvaire, d'autant plus qu'un des bébés joue toujours à cache-cache, et que cela rallonge les monitoring et que je ne peux pas me mettre sur le côté à cause du capteur défaillant. Dès que j'ai une contraction, j'ai envie de hurler, je supplie mon fiancé de faire quelque chose même si je sais qu'il n'y a rien à faire, à part attendre que mon col soit prêt pour la péridurale … Il est contrôlé : toujours fermé mais seulement en interne et beaucoup plus souple. La sage-femme essaye l'acupuncture dans le bas de mon dos : ça n'a malheureusement pas fonctionné … C'est vraiment une nuit calme : je suis la seule en salle d'accouchement : je vais donc en salle nature pour prendre un bain, qui pendant la première demi-heure me soulage. La chaleur combinée aux massages de mon chéri m'apaisent et puis tout à coup, ça reprend : une douleur insoutenable, du coup la sage-femme et Olivier m'aident à sortir, ce qui n'est pas facile car je tremble et ces deux marches me semblent insurmontables.
Je dis que je veux essayer le ballon : je fais les exercices que me dicte Olivier (qui sont affichés dans la salle) pendant que lui me masse toujours le dos. J'essaye de m'appliquer, de faire de mon mieux mais les douleurs sont trop fortes. Je craque, je n'en peux plus, je veux que l'on fasse quelque chose pour me soulager. Par hasard, la sage-femme entre et sans me parler, comprend que je suis à bout de forces. Elle contrôle mon col et miracle : je suis ouverte à 2 ! La péridurale peut être posée !!! Olivier a des larmes dans les yeux car il n'en pouvait plus de me voir dans cet état.
Je retourne donc à la salle d'accouchement, je vois flou, mais je distingue déjà deux personnes qui préparent l'anesthésie. Avant, la péridurale avait quelque chose d'effrayant à mes yeux et là c'est tout le contraire : je n'attend qu'elle ! On fait sortir Olivier et la sage-femme et sa stagiaire me parlent, me rassurent mais je ne les entend même pas. L'anesthésiste me dit de faire le dos rond comme un chat, je m'exécute mais je suis à nouveau prise d'une contraction. Je l'entend dire à son collègue « ah oui, elles sont rapprochées à moins d'une minute, il va falloir faire vite. » Je me concentre pour respecter ses consignes et enfin, elle est posée, je sens le liquide chaud couler dans mon corps, une impression que je n'oublierai jamais car je suis enfin soulagée ... On me pose à plat sur le dos et j'adore cette position maintenant ! Olivier revient et s'allonge dans un fauteuil à mes côtés, me dit à quel point il est heureux que je ne souffre plus. Je lui dis qu'il peut dormir maintenant : il est 3h45.
Je ne peux pas dormir car ma tension est prise en continu, toutes les 15 minutes environ.
Au bout d'un moment, un œdème énorme s'implantera sur ma main dû à cette prise de tension régulière.
A sept heures, Olivier se réveille car il entend la sage-femme qui me contrôle le col : je suis dilatée à 4 ! Ça n'a pas beaucoup bougé mais c'est déjà une victoire ! Elle perce la poche des eaux. Je suis tellement heureuse que les bébés supportent les contractions, la sage-femme me dit qu'ils se débrouillent comme des ptits chefs ! Les heures défilent, et les contrôles aussi mais à 10 heures, le col est toujours à 4.
Je commence à craindre la césarienne et en parle avec Olivier : je lui dis « je te parie qu'ils vont venir m'en parler, car ça n'avance pas. » En effet, le médecin de garde arrive et me dit que si ça continue comme ça, la voie basse ne sera pas possible. Il me dit que le rythme cardiaque des bébés risque de baisser si l'on ne fait pas quelque chose. Il décide finalement d'augmenter une nouvelle fois la dose d’ocytocines par perfusion et qu'il va attendre avant de prendre une décision.
Je suis triste et pleure car après tout ce temps, je rêvais d'une voie basse mais je me dis que pour le bien de mes bébés, je ferai n'importe quoi.
La sage-femme me dit qu'elle va essayer de m'aider : elle décide de me faire de l'acupuncture dans les jambes. Je commence à ressentir assez fortement les contractions malgré la péridurale : l'anesthésiste vient augmenter la dose. A 11 heures : recontrôle et miracle je suis dilatée à 6 !!! Le médecin revient et me dit que la voie basse est à nouveau privilégiée !! Une joie m'envahit mais je sais que ce n'est pas encore gagné. Je souffre du dos à nouveau et l'anesthésiste me remet une dose plus forte, qui ne le sera pas assez car je sens très nettement lorsque l'on me fait un toucher ou que l'on me pose la sonde urinaire. L'anesthésiste m'explique que s'il augmente encore la dose, je ne sentirai plus ma tête, ce qui entraînera des migraines et que je ne pourrai pas sentir l'envie de pousser. Il me dit que cela peut arriver que la péridurale ne fasse plus autant effet après plusieurs heures … Je me dis que ce n'est pas grave, que je vais tenir jusqu'à ce que mes bébés soient là.
Je suis totalement exténuée, mes yeux se ferment tout seuls quand quelqu'un me parle. Je commence à paniquer intérieurement en me demandant où je vais trouver la force de pousser, le moment venu. Contrôle à 12h : dilatation complète !!!! Tout le personnel est heureux, mon chéri et moi encore plus !!! La sage-femme commence à préparer le matériel : on commencera à 12h45.
Elle m'explique qu'il y aura beaucoup de personnes car il y a deux bébés et deux placentas et que ce sera plus médicalisé que pour une grossesse dite « normale ».
Olivier et moi commençons à nous préparer psychologiquement, il m'encourage, ce qui m'empêche de sombrer dans le sommeil !
A 12h45 : tout est en place ! Il y a 4 personnes devant moi qui me disent de pousser. Je fais de mon mieux, mais je commence à m’essouffler car j'ai de l'asthme. Olivier est très présent, il s'occupe de l'inhalateur, me dit des mots gentils, c'est grâce à lui que je puise la force pour pousser, les sage-femmes me félicitent, me disent de continuer comme ça, que mon premier trésor est bientôt là ! Et là, je le sens qui sort, une sensation inoubliable et magique, et quand on me le pose sur le ventre, je ne réalise pas que c'est un des bébés que je porte depuis 9 mois, et je sais surtout qu'il y en a un deuxième. Je ne verserai donc pas une larme tant je suis déjà concentrée sur le second : je sais qu'il a toujours été estimé plus lourd et que si c'est trop long, il y a un grand risque de partir en césarienne d'urgence pour l'extraire.
Olivier, lui, est en larmes, il ne cesse de me dire « Il est trop beau, notre Léo » et là, il me dira la phrase la plus belle qu'il ne m'ait jamais dite « Ma chérie, c'est le plus beau cadeau que tu ne m'ai jamais fait, je t'aime tellement ». Je voudrai laisser exploser mon émotion mais je lui répondrai juste « je t'en supplie, ne me lâche pas pour le deuxième » car la fatigue est tellement présente que je sais que j'aurai besoin de ses encouragements tel un coach. Ça y est les 5 minutes de pause sont écoulées, je vois mon bébé juste à côté de moi qui attend son frère. Je suis déterminée comme jamais et pousse toujours plus fort : au bout de 4 minutes, toujours la même sensation indescriptible : mon bébé sort !!! Là je le touche, il est si petit, je le regarde puis regarde son frère : je suis si émue, et peux enfin me laisser aller! J'embrasse mon chéri, lui dit que je l'aime plus que tout, et que maintenant on est une famille unie pour la vie. C'est une vie en tant que parents qui nous attend, et nos sourires en disent long sur ce que cela représente à nos yeux. Jamais je ne remercierai assez cet homme qui a changé toute ma vie, c'est comme si nous n'étions qu'un seul et même être tant notre complicité est grande. Ces enfants, nos enfants, ont été tellement désirés, attendus et maintenant ils sont notre chair et notre sang devant nos yeux.
Léo est né à 13h02, 2kg 960 pour 48,5 cm et Hugo est né à 13h11, 3 kg 050 pour 51,5 cm le mercredi 08 mai 2013. Depuis ce jour, nous dormons entre 2 et 4 heures par jour mais leurs bouilles d'amour nous font oublier tous ces désagréments. Notre bonheur est incommensurable.