Salut les filles!
Je viens de trouver votre club, contente de trouver un espace de dialogue pour celles qui luttent contre le tabac! Certains non ou ex-fumeurs peuvent bien nous expliquer qu'il ne s'agit que de volonté cela ne sert à rien, sinon à nous renvoyer à notre propre culpabilité (genre : "bouh, tu portes la vie et tu donnes la mort, indigne créature!!!!"). Je vais essayer d'être concise pour partager mon expérience (et ça va me faire du bien aussi!).
Je suis une analyse depuis 1 an et demi et je comprends bien que la clope est essentiellement une béquille à mes angoisses, au manque qui est dans ma vie (la mort accidentelle de mon papa quand j'étais un bébé). C'est vrai qu'on peut surmonter le besoin physique mais comme pour toute drogue, la consommation n'est pas une chose naturelle (sinon tout le monde OU personne ne fumerait). Je pense à mon histoire mais je crois vraiment que tout comportement addictif (!?) est la réponse à un manque psychique ou affectif, à quelque chose de + ou - inconscient. Ne dit-on pas d'ailleurs que fumer, c'est comme têter, cad régressif?
Bref, enceinte ou pas, on sait que c'est mauvais, que les conséquences peuvent être terribles... à long terme. Je fumais un paquet par jour avant ma grossesse et j'ai considérablement diminué jusqu'au début du 4e mois. Ce qui m'a aidé dans l'arrêt (quasi) total, c'est de connaître l'effet immédiat pour les petits. J'en ai parlé avec une de mes amies qui est SF et ouvre une consult' de tabaco : le monoxyde de carbone contenu dans la cigarette remplace l'oxygène dans notre sang et par ce chemin file dans le placenta jusqu'au(x) petit(s). L'oxygène est indispensable à la croissance des organes du foetus... remplacé par le monoxyde, ils ne peuvent pas se développer correctement (d'où le terrible retard de croissance utérin). MAIS l'autre bon côté à connaître est qu'il faut 48h pour évacuer le MdC et qu'aussitôt la croissance du foetus reprend son cours et peut rattraper son retard (le cas échéant).
J'ai beaucoup de chance : j'attends deux petits mecs (mono-bi), c'est ma première grossesse et elle est spontanée. A 22 sa, tout va très bien. Autant de raisons de me dire : "prends pas de risque avec cette clope qui pourrait tout gâcher...". Je me le suis répéter dès le début et pourtant, je n'ai pas pu arrêter... Je suis immensément heureuse, je suis en train de devenir maman! Mais je n'en suis pas pour autant différente d'il y a 6 mois! Ma vie, mon passé n'en est pas réécrit pour autant! Je ne bois pas d'alcool, je surveille mon alimentation... je suis raisonnable, comme toujours. Alors, s'il m'arrive encore de céder à une cigarette, de faire la seule chose "politiquement incorrect" que j'ai jamais faite d'ailleurs... ben... MERDE! C'est incroyable comme la société attend de nous d'être irréprochables... Comme si, du jour où l'on est enceinte, il faut être parfaite! Mais c'est pas parce qu'on est enceinte qu'on est maman "sur un claquement de doigt" et qu'on peut prendre réellement conscience de ce début de vie au fond de soi. Ca prend du temps, et chacune son rythme! Certaines ont du mal à arrêter de fumer, d'autres de travailler au risque de leur santé (mais ça, c'est socialement mieux admis!).
L'haptonomie à partir de 18 sa, la perception physique de mes enfants sous mes doigts et dans mon ventre, m'ont aidé à prendre conscience de leur réalité, beaucoup plus que l'échographie qui n'est qu'une image. Depuis ce moment, je ne fume plus quotidiennement. Il m'arrive de piquer une cigarette à une amie fumeuse dans un moment partagé. Ne travaillant pas, je passe aussi beaucoup de temps seule et il m'est arrivé de craquer. Cas typique : je descends au bureau de tabac, je fume 3 bouffées, puis une ou deux cigarettes, me dis que c'est trop bête et jette le paquet ou l'abandonne sur un banc dans la rue (oui! j'adore jeter mon argent par les fenêtres!
) Voilà, ça n'est pas simple, souvent paradoxal.
Bon, j'ai fait très long!!! Bravo si vous avez la patience de lire jusqu'au bout. Cela n'est que ma petite expérience mais en voilà ma conclusion : j'arrive (sans trop souffrir, sinon un pastille de nicotine fait l'affaire) à limiter ma conso à quelques moments occasionnels. Ma motivation tient dans la connaissance de l'effet
immédiat sur mes petits et non dans la condamnation de la société ou des menaces de maladies à long terme. Je sais pourtant qu'il me serait facile de replonger assez vite...
Courage à celles qui luttent, il est toujours temps de s'arrêter!
Julie