J'apporte mon témoignage. Ca commence à dater un peu mais c'est avec le recul qu'on prend mieux la mesure des choses. En tout cas, je suis "vaccinée" : qu'on ne me parle pas de petit 3e ou de l'épanouissement de la mère au foyer
C'est pas pour moi !!!!
Bref, quand mes 2 bébés sont nés, j'étais déjà épuisée par la grossesse (nausées, vomissements, sciatique, et j'en passe, j'ai tout eu !!), très anémie (je n'ai pas pu prendre de fer pendant la grossesse, ça me rendait encore plus malade). Bref, j'étais exténuée. Heureusement, la césarienne m'a soulagée sur le moment (c'était programmé car siège de J1), j'ai pas eu à faire d'effort pour les naissances
Mais j'ai mis 5 jours à pouvoir me lever, sans pour autant me reposer, cela dit
Spéciale dédicace à ma famille qui est venue pour l'événement et me pourrir la vie, comme si j'avais le temps et la force de gérer les susceptibilités de chacun
bref, on s'en serait bien passé, et encore, je n'ai vu que la partie visible de l'iceberg, Eric faisant tampon au maximum pour me préserver
j'ai fait un baby blues mais était ce du aux babies ??
Etant cadre célibataire sans enfant sur ma dernière déclaration d'impot, je n'ai eu droit à aucune aide extérieure. La famille, vous l'aurez compris (en tout cas, la mienne), m'a plutot mis des batons dans les roues. Heureusement qu'elle habite à 1000 km ! Et celle d'Eric, un peu plus proche, ne pouvait cependant pas intervenir au quotidien : père agé, pas de BM et sa soeur a aussi sa famille à gérer, son boulot et cie.
Et coté amis, bizarrement, une fois que j'ai été enceinte, la plupart se sont éloignés. 1 enfant, ça fait peur mais 2, ça fait franchement fuir !!
Quasiment personne n'avait d'enfant.
En gros, on s'est débrouillé avec nos 2 lardons comme on a pu, sachant que :
- nous vivions à 4 dans en T2 de 40m² avec une seule chambre
- notre maison était en cours de construction
- Eric n'a pas pu prendre son congé paternité de suite à cause d'impératifs professionnels
- je n'avais aucune solution pour faire garder mes enfants ne serait ce que 2-3h.
Donc oui, j'ai craqué. J'ai hurlé sur mes bébés qui hurlaient, je me suis enfuie de l'appart pendant 10-15 min le temps de faire le tour du paté de maison au pas de charge, afin de me défouler sainement, j'ai trépigné, j'ai pleuré, je me suis arraché les cheveux, j'ai engueulé Eric parce qu'il rentrait tard (il enchainait travail, surveillance du chantier et courses, il rentrait à 20-21h en semaine et travaillait au chantier le we).
Alors plutot que de me sentir coupable de ne pas etre assez disponible pour mes bébés, de ne pas etre calme en toute circonstance et de ne pas m'extasier 24h/24 sur le bonheur d'avoir 2 bébés en bonne santé (tout comme je m'étais extasiée sur le bonheur d'etre enceinte
--> antiphrase), j'ai mis en place un plan de sauvetage de moi meme. Car je me suis dis "si je vais mieux, tout ira mieux". Ne pouvant compter que sur moi meme, ça a été un peu compliqué car quand on me recommandait de prendre du temps pour moi et de me reposer (leit motiv de la grossesse qui me mettait déjà en rogne), c'était impossible car je n'avais personne pour me décharger.
J'ai donc alterné entre résignation, découragement et mise en place de plans d'action :
- je n'ai plus allaité à la demande, c'était trop contraignant et je passais mes journées à cela. C'était toutes les 4h, les 2 en meme temps. Je tirai du lait à la fin de chaque tétée pour constituer un bib/24h qu'Eric donnait à 6h du matin avant de partir au boulot. Je sautais une tété et j'avais un créneau de 3h du matin à 10h pour me reposer, dormir, prendre ma douche, mon petit déj. Je pouvais espérer dormir 6h d'une traite.
A 3 mois et demi, on a eu la bonne idée de leur donner un bib le soir : ils ont fait leurs nuits aussitot !! Grand soulagement !!! On s'est dit "mais pourquoi on n'y a pas pensé + tot ?!!"
- j'ai contacté toutes les crèches de Pau pour éventuellement trouver une crèche avec des créneaux libres qui me prendrait les bébés au pied levé. J'ai eu la chance de trouver une directrice humaine qui m'a trouvé des places 10 jours plus tard, alors que les autres me disaient de déposer un dossier pour septembre, et encore c'était bien tard ! (on était en avril-mai)
. Dès qu'elle avait 2 absents, elle m'appelait et j'apportais les petits. A la journée, ou à la demi journée. On payait plein pot car aucune aide de la CAF, j'étais encore en congé mat
Elle me les a meme pris 1 semaine complète avant notre emménagement dans la maison. C'était le début de l'été, il y avait des places libres.
Je profitais de ces créneaux pour aider Eric aux travaux de la maison. C'était pas du repos mais ça me changeait les idées, je me sentais utile !
- Ma BS a gardé les petits tout un week end (ils avaient 6 mois), on a pu se faire un week end à 2 à l'occasion d'un mariage d'une amie. Le premier depuis + d'un an, depuis que j'étais enceinte...
Le suivant fut l'année suivante en 2009 (encore un mariage). Ensuite, il y a eu un autre week end cet été en 2011 puis 12 jours en Afrique du Sud en novembre 2011
la baby sitter, c'est un budget. Alors s'il faut manger avec un lance pierre ou courir en sortant du ciné pour ne pas payer 1h de plus, c'est pas de la détente !
- j'ai repris le travail à la fin de mon congé maternité, les petits sont allés chez la nounou 5 jours par semaine. Je les voyais 1h le matin et 2h le soir. J'ai pu revoir des gens, refaire du sport, avoir une vie sociale. Et il était temps !! Je détestais tout le monde, j'étais excédée à longueur de temps.
Au final, nous nous sommes débrouillés seuls et ça a été très dur, mais j'en retire une fierté avec le recul. C'est sur que j'aurais préféré être aidée mais c'est pas toujours évident. Pour nous, c'était impossible, donc il a fallu composer avec. Alors certes, la solution est là : se faire aider. Mais il faut parfois comprendre que c'est pas possible pour tout le monde. Et quand on me répétait de me faire aider, je répondais "par qui ??" car ceux qui me le conseillaient se gardaient bien de se proposer (ou alors ils le faisaient une fois puis partaient sans laisser d'adresse
). Ca peut encore + saper le moral que de donner ce conseil à quelqu'un qui ne peut pas le suivre faute de moyens.
Il m'a fallu + d'un an (de 6 mois à + de 18 mois des petits) pour ne plus avoir peur de rester seule avec eux à la maison. Meme encore maintenant, j'angoisse d'etre seule avec eux enfermée chez moi. Donc je programme des sorties, des activités quand ça se produit, comme pdt les dernières vacances de Noel ; ils ont été malades, on n'a rien pu faire et ça m'a perturbé. Finalement, ça s'est bien passé mais ils ont 4 ans maintenant
J'ai du mal à prendre ce paramètre en compte, je me revois encore quand ils avaient qq mois, j'y peux rien, c'est + fort que moi ! Et j'angoisse
Désolée pour le pavé
bonne lecture !!!
LN