Grosse émotion en déposant les filles ce matin à l'école. Même si on est bien loin de Toulouse, je ne pouvais m'empêcher de voir toutes ces petites têtes courir innocemment dans les sens et imaginer l'horreur avec un taré dans les parages....
J'ai posé la question à la maitresse qui m'a confirmé qu'ils feraient la minute de silence dans la cour mais sans leur expliquer... peut être sous forme de jeu finalement. Je ne sais pas ce que les filles pourront en comprendre, on verra ce soir. Mais je comprends vraiment que les instits aient besoin de le faire....
Voilà, la journée est terminée. Dans mon école, les élèves de GS et quelques uns de MS ont voulu parler de la tuerie (nous sommes dans la banlieue de Toulouse). Alors on a parlé. D'abord, eux ont dit ce qu'ils savaient, ce qui leur avaient été dit. Sur ma classe, apparemment, les familles sont restées softs. Ce qui m'a étonnée, c'est que certains enfants ont retenu la mort de l'enseignant avant celle des enfants. Certains avaient peur: ma classe est très près de la rue: ils pensaient que le tireur allait passer la grille et venir dans l'école. On a rassuré tout le monde avec des mots simples. On a expliqué que, pour le moment, on ne pouvait pas sortir pour les récréation, que c'était une mesure de précaution, banalisée comme de fermer la porte de sa maison avant de partir, ou de prendre un parapluie si le temps est incertain. Du coup, c'est passé. C'était important d'écouter leurs peurs et de pouvoir les rassurer. Il ne fallait pas que l'école devienne un lieu d'insécurité, de peur. Comme le sujet avait été mis sur la tapis, on a parlé de la minute de silence, on l'a faite. Dans les classes de PS et MS, ils ont joué au roi du silence, ce qui a permis aux adultes de se joindre à ce moment de recueillement sans que les plus jeunes ne soient mis au courant.
On sent que les gens sont inquiets: on sursaute au bruit de l'hélicoptère qui survole l'école, on s'interroge quand on entend une voiture de la gendarmerie qui passe toutes sirènes hurlantes, on est rassurés quand on voit la gendarmerie qui fait une ronde autour de l'école.
Certaines activités sportives extra-scolaires sont annulées.
Ma fille a peur à la maison parce que nous habitons à 1 minute à pied de l'école, elle est au bout de la rue.
Bref, pour un temps, l'insouciance est mise entre parenthèses.