Bon, en fait je commence par la fin, par raconter ce que la prise de conscience va changer dans ma vie, mais les pensées se bousculent tellement dans ma tête que je ne sais plus par quel bout commencer pour en parler
Ma vie, tiens !
Quand j'étais gamine, j'adorais l'école. J'ai appris à lire toute seule en GS, je réclamais sans arrêt des devoirs en CP, je voulais que ça avance vite. J'avais toujours fini la première, j'en redemandais.J'aimais les maths et le français tout autant. Je n'ai jamais appris une leçon en primaire, l'orthographe et la grammaire me venaient naturellement.
En 5è, j'ai eu une prof de maths tellement zarbi qu'elle m'a dégoûtée des maths, j'ai arrêté d'en faire. Je faisais ce que j'arrivais à faire toute seule, ou sinon je recopiais sur ma voisine avec laquelle j'avais un deal : elle faisait les matières scientifiques, moi les matières littéraires. Oui mais en 1è, terminé le deal, elle était en S, moi en littéraire ! Alors j'ai refait des maths, j'ai eu 17 au bac. Pour la préparation du concours de prof des écoles, j'ai appris le programme de maths du CP à la 3è en un mois. Et j'ai même eu une bonne note.
Mais tout ça ne m'a jamais paru "différent"
Quand je suis partie en Allemagne, j'avais des notions de grammaire allemande très pointues parce que j'avais une prof pour qui la grammaire était la base de tout. Mais je n'avais jamais appris de vocabulaire, ça me saoulait. En un an à Berlin, j'ai appris à parler couramment l'allemand. Je le parle quasiment sans accent, encore aujourd'hui. Mes copines me demandent comment je fais, vu que je n'ai plus de contacts avec l'Allemagne depuis 10 ans. Ben en fait, je passe mon temps à traduire du français vers l'allemand dans ma tête
. Je sais, c'est bizarre
.
Aujourd'hui que je suis consciente de ça, j'ai très envie de changer les choses. Pas tout, hein
.
J'ai envie de changer de métier. J'adorerais être infographiste, mais je ne sais pas dessiner. Enfin non, plutôt : j'ai toujours cru que je ne savais pas dessiner. Aujourd'hui, je me demande si on peut aussi apprendre à dessiner
.
Un infographiste travaille seul, et ça, c'est juste ce qu'il me faut. Je n'arrive pas à travailler aec des adultes, et dans mon métier, il y en a tellement... je me prends des coups de droite et de gauche sans arrêt, je n'arrive pas à faire avec !
Un infographiste crée, et j'ai besoin de ça, de créer, c'est le moteur de ma vie.
Et puis un infographiste travaille avec l'outil informatique, j'aime ça
.
Ou alors traductrice, ça je sais faire déjà. Peut être que je devrais fouiller dans cette voie aussi, j'adore ça. Un travail de triturage de méninge seule face à mon ordi : waouh, le pied total
(oui oui, je sais, tout le monde ne le ressent pas pareil, mais bon, là je parle de moi et rien que de moi
)... En fait le moment de ma vie où j'ai pris le plus mon pied, où j'ai un peu décollé du sol tellement je me sentais portée par mes pensées, tellement je me sentais enrichie par ce que je faisais, c'est pendant les quelques mois où j'ai disséqué des enregistrements de jeunes bilingues pour analyser leur façon de parler et rapprocher ce comportement linguistique de leur identité d'ado bilingue. C'était mon mémoire de fin d'études, que j'ai rédigé en allemand en trois mois alors que j'en avais six à disposition. C'était l'extase ! Bon après, il y a eu les examens écrits, très bien, et puis les oraux....... la dégringolade. Je m'étais préparée autant que je pouvais, mais j'ai perdu toute confiance en moi face aux examinateurs, la honte totale face à chacun de mes profs pour mes trois oraux.
Ma note finale a été assez bonne quand même pour que je puisse envisager le doctorat, je l'ai commencé, et puis...... j'ai fait le choix d'arrêter pour me consacrer à mon couple.
Aujourd'hui, je ne regrette pas tous ces choix de vie que j'ai faits, ils étaient adaptés aux circonstances. Mais maintenant... je ne peux pas dire "maintenant que je sais", parce que je ne sais pas, je ne fais que supputer, envisager, trouver plausible... donc maintenant en tout cas j'envisage la vie complètement différemment. Il est temps, j'aurai quarante ans cet été
!