Ton post génère en moi beaucoup d'émotion.
On en revient à "N. est (très) bon en classe, pourquoi est-ce que tu te prends la tête, Léna, tu vois des problèmes partout, arrête de vouloir que ton fils ait des problèmes".
Cette phrase, je l'ai souvent entendu pour B., mon cadet.
Un aîné, P., très précoce, et très brillant. Aucun soucis.
Et puis B. J'ai toujours été inquiète (dès la maternelle) et pendant des années, on m'a répété que non, tout allait bien. Pour tout le monde, c'était juste que comme son frère avait tellement de facilités, j'en attendais trop de lui.
Et je me sentais coupable...
Déclic lorsque son petit frère a été diagnostiqué précoce, comme le grand. Lors du contre-rendu, la psy me demande "et B.?". Je lui explique en deux mots que je ne pense pas que B. soit précoce (je ne le pense toujours pas), que pour tout le monde tout va bien, mais que moi, je suis toujours inquiète.
C'est elle qui m'a parlé de dyslexie et fortement conseillé d'aller voir une orthophoniste ("mais pas n'importe qui, car la dyslexie chez un enfant qui compense on peut facilement passer à côté").
La dyslexie...je n'y croyais absolument pas. Mais on a fait les tests. Et là, je me suis pris une baffe. Tout ce qui coinçait a été mis en évidence de façon magistrale.
L'orthophoniste m'a fait remarquer qu'il avait une persévérance incroyable, et à quel point arriver à faire ce qu'il faisait devait être épuisant pour lui.
Et j'ai repensé à toutes ces séances de devoirs tellement éprouvantes pour mes nerfs, à toutes les fois où je me suis énervée et où je lui ai reproché de ne pas faire d'efforts, de ne pas faire attention. Des efforts, en fait, il en faisait en permanence...
Quand j'ai eu des doutes pour le petit frère, N., du coup, j'ai rencontré beaucoup moins de scepticisme (sauf de la part de l'instit). Et...bingo.
A noter quand-même que si mes deux enfants ont eu la chance d'avoir un diagnostic précoce, c'est uniquement parce que je me suis posé des questions.
Alors, les remarques des gens qui ne savent pas, hein...
Ce n'est pas NORMAL que certaines choses soient pénibles à ce point pour un enfant qui a par ailleurs beaucoup de facilités. Si ça arrive, il FAUT se poser des questions.
(l'année passé j'ai poussé une maman de ma connaissance à faire passer les tests à sa fille. Rien qu'à entendre les difficultés qu'elle m'expliquait, j'ai eu la quasi certitude que sa fille était dyslexique. Là aussi, du point de vue de l'instit, pas de soucis. Et bien, re-bingo).
Ca me met en colère ces histoires répétées, toute cette souffrance non reconnue, alors qu'il suffit d'être conscient de certaines choses.
Les langues...petite anecdote.
Nous avons un ami qui a fait des études d'ingénieur. Il a un bon boulot. Tout va bien pour lui. En discutant avec lui, nous apprenons qu'il est dyslexique. Il est français et vit à Bruxelles. Il a suivi des cours de néerlandais...et a fini par arrêter parce que la prof les faisaient lire à voix haute. Pour lui, c'était un supplice.
Il a réussi brillamment des études compliquées, il ne rencontre pas de difficulté professionnelle. Mais... il ne faut pas lui demander de lire à haute voix dans une langue étrangère.
En ce qui concerne la gestion mentale. Nous avons découvert cela avec l'orthophoniste de B. Mon mari a lu des livres, et ça lui a beaucoup parlé.
Moi, j'ai un peu lu, mais j'ai du mal à m'accrocher à ce genre de bouquin.
Je pense sincèrement que c'est un outil merveilleux (mais pas miraculeux). Le problème, c'est qu'il ne peut justement pas se résumer à des "trucs". Et pour le connaître à fond, des livres ne suffisent pas. Par contre, lire aide à comprendre où veulent en venir les gens qui l'utilisent.
Je pense que ça apporte quelque chose à B.
Pour l'aider à mémoriser, nous jouons beaucoup sur la classification, et les associations d'idées.
L'orthophoniste ne t'a pas donné de contre-rendu, c'est ça?