C'était mon deuxiéme surf à Bali. Le premier s'était super bien passé à Ulu : 1 bon métre, coucher du soleil... le rêve.
Le lendemain, on arrive à Geger. On était avec le cousin (c'est son surnom) qui adore Nusa Dua. On regarde les vagues et les mecs décident qu'on y va avec le bateau. Je leur dis qu'il y a personne à l'eau... Je leur dis "C'est gros, non?" et le cousin me répond que c'est une effet d'optique car la vague péte à 3km du bord, il doit y avoir 1m50, pas plus! On voit sortir de l'eau des nippons. Et le cousin rajoute que s'ils étaient à l'eau c'est parce que c'est petit!
Je fais confiance
On monte sur le bateau avec une nana balinaise (ouf, ça me rassure même si sa planche à l'air trop grande), un australien avec une grande planche aussi qui me dit que le matin, il avait surfé un petit Club Med et il rajoute que ça va déchirer le spot.
A mesure qu'on avançait avec le bateau, je vous promets qu'il y avait un truc qui me perturbait, j'avais l'impression d'aller en terrain inconnu. J'aurais du écouter mon 6éme sens et revenir avec le bateau.
Le bâteau nous a lâché au milieu de nulle part, on était à tout casser 8 personnes dans l'eau. Le bord était très loin... Je me sentais super mal, pas à ma place.
La premiére série arrive, 1m50 sympa, je commence à partir sur la premiére vague mais je me retire au dernier moment. Au faites, je n'avais pas vu une seule fois la vague péter et je voulais voir comme elle déroulait pour ensuite visualiser... Le cousin n'arrêtait pas de ramer vers le bord et nous aussi. Dans un moment de lucidité, je change de sens et je commence à ramer vers le large, pas envie de ramasser. La série arrive, je suis bien placé pour partir sur une belle droite bien tendu, un bon 2 métres. Je rame et palme pour partir sans me soucier de quoi que ce soit... BANZAI! Mais voilà, des fois, tu ne pars pas car pas ramé assez vite ou quoi que ce soit... Un mec a côté est parti, elle était vraiment belle, j'ai un peu les boules, j'avais commencé à ramer trop tard. Je vois partir la nana sur autre belle droite bien costaud... Entre temps le cousin ramassait car il était plus au bord mais il n'était pas dans la zone d'impact. Je regarde mon homme et il me dit "c'est plus costaud que ce qu'on pensait".
Et d'un coup, mon coeur s'accélere, je vois une montagne d'eau qui se déplace vers nous, je regarde mon Amour et je fonce comme une malade pour éviter ce monstre, je n'envisageais même pas le fait de faire un canard sous cette montagne... Je l'évite de justesse et là, c'est l'apothéose, une montagne encore plus grosse qui vient vers nous. J'avais le coeur qui battait très fort, j'avais mis la vitesse supérieure mais j'ai du faire le canard. Je me suis accroché à ma planche comme jamais je l'avais fait, je me suis fait remuer mais je ne l'ai pas lâché... Ouaou! Mon homme était toujours à mes côtes : je le regardais et je regardais cette troisiéme montagne qui arrivait droit vers nous, elle avait bien pété quand j'ai fait le canard. Je me suis accroché comme j'ai pu mais je me suis fait remuer dans tous les sens, ma planche d'un côté, moi de l'autre... la machine à laver! Et j'en ai pris une quatriéme sur la gueule! Je ne vous raconte pas mon état, je n'en pouvais plus. Je respirais saccadé... Mon homme toujours à mes côtes me rassure et me dit qu'on va sortir tranquille. Il parle avec un français qui lui dit que c'est une houle grossisante.
Je ramais vers le large tellement, j'étais ahuri. Quand d'un coup, une nouvelle série pointe son nez. Mais là, c'était un bon 3mètres50. Horrible.... Je croyais que j'allais mourir, j'étais en état de panique. J'ai perdu le contrôle de tout. Mon homme toujours à côté de moi. Il me regardait et je le regardais pendant que j'avançais vers la vague... Je vous promets que je me disais que c'était la dernière fois.
Le canard sous ce monstre a été fatal, heureusement mon leash n'a pas cassé et je n'ai pas perdu mes palmes. Je remercie le bon dieu. Je me suis senti aspiré par une force, ma planche est parti d'un côté moi de l'autre, machine à laver dans tous les sens... A peine, je sortais la tête de l'eau que j'étais aspiré à nouveau. Merde, j'étais pas dans le bon sens... Je sors la tête de l'eau, je regarde mais je ne savais même plus où j'étais. Je vois des parasols.... Et là une grosse mousse qui arrive vers moi, je m'accroche à ma planche et je me laisse trainer comme je pouvais par cette mousse. Mon homme est toujours pas loin. Et là, je vois que je fonce vers une grosse patate de corail (la seule du coin). Mais bon, la mousse était assez épaisse donc je suis passé juste au dessus. Et après, j'étais dans le lagon. Epuisé! Je me suis vu partir dans un autre monde, j'ai vu des passages de ma vie défiler. Mais vous savez quoi, mon homme était là , toujours là. Je me sentais protégé. Je le cherchais du regard mais il était toujours à mes côtés. Une fois dans le lagon, il est venu m'embrasser et là je me suis dit que j'étais encore en vie. J'avais mal au bras, le leash avait tellement tiré qu'il ressemblait à un spaghetti. J'ai eu une tendinite!
Moralité de l'histoire : écouter son sixiéme sens, écouter les locaux et pas écouter les pseudo-locaux comme le cousin!!!!!!!
J'avais pas pensé une seule fois au récif comme surfgirl, pas le temps d'y penser.
Mais je crois que je n'ai jamais avancé aussi vite comme surfgirl.
En tout cas, ça restera gravé en nous pour la vie. Elles se ressemblent nos histoires.
J'ai vécu des situations costauds et difficile, je pourrais vous raconter mais JAMAIS ça.
Je pense qu'actuellement, j'ai peur. Je n'ai pas honte, j'avoue. Je n'ai jamais digéré cette session. 1 an et demi s'est écoulé depuis. Et pas beaucoup de sessions à mon actif pour tout contrer! Il me faut du temps, il faut que j'y aille assidument.
Pourtant, je suis reparti à Nusa Dua une bonne dizaine de fois. Et j'ai toujours eu des bonnes vagues mais au même temps trop peur. J'adore ce spot. Mais je suis allé toujours à la rame/palme, pas avec le bâteau.
Oh la la la! J'ai écrit beaucoup.....
Fédération Jumeaux et Plus
