"Mon ange,
J’ai vu un jour quelque part que « admettre que l’on a besoin d’aide est un pas vers la guérison », et donc aujourd’hui en ce jour spécial, j’ai décidé de t’ouvrir mon cœur.
Cela fait un an que tu es devenu un ange, un an que je ne cesse jour et nuit d’être triste et que tu me manques, autant de temps que je m’efforce de faire face chaque jour sans toi. Ici la vie continue malgré tout, ton frère grandi et pousse bien, je suis sûr que tu dois être aussi fier que nous des progrès qu’il fait chaque jour, l’ombre de la prématurité me semble bien loin aujourd’hui, et je te confesse que tout va très vite aujourd’hui à tel point que j’ai peur de tout rater. Il s’affirme et a déjà un caractère assez prononcé, surement dut au mélange de ses parents. Ta maman aussi va bien même si elle se referme sur elle-même et ne me dis pas tout, j’espère que tu ne te sens pas délaissé où tu te trouves, j’espère que tu es bien entouré, car bien souvent je me sens mal mon cœur, tu me manques, je peine à trouver un but à ma vie, je ne sais quel place te donner dans ma celle-ci. Bien sûr tu auras toujours ta place dans mon cœur, elle est éternelle, mais bien des gens m’ont dit que je dois faire mon deuil, phrase qui n’a plus de sens à mon goût car je ne saurais y donner une définition. J’ai beaucoup de peine quand je pense à toi, et j’en ai tout autant quand je ne pense pas à toi, je n’arrive pas à trouver un juste milieu qui apaiserai mon cœur et ma tête et qui me libèrerai de ce poids. J’aimerai tellement te dire que tout va bien, que tout va bien se passer et que ce n’est qu’une question de temps avant que l’on se retrouve mais il n’en est rien, j’ai l’impression de reculer, de voir le monde avancer sans moi. J’ai de la peine quand je regarde autour de moi, on me dit « papa de jumeaux », cela est vrai et je ne le renie pas, mais comment pourrai-je trouver ma place dans ce monde sans toi auprès de moi, pourquoi est-ce que la différence est si difficile à supporter ? J’ai mal quand je présente ton frère, j’aurai tellement aimé pouvoir te montrer au monde, leur montrer la fierté que j’ai pour vous 2, et à quelle point ma vie serai extraordinaire avec vous, mais ce droit m’a été enlevé pour une raison qui m’échappera encore et toujours. J’ai toujours pensé que les regrets nous empêché d’avancer dans la vie, et les miens sont là pour me le confirmer, plus ton frère grandi et plus il fait des progrès, mais je ne peux m’empêcher de penser «et si c’était toi ? » qu’aurais tu fais ? Quelle bouille aurais tu ? Finalement le plus douloureux n’est pas ce que nous avons fait ensemble, mais ce que nous aurions pu faire ensemble, et cette douleur me hante chaque jour.
Je sais que tout ce que je viens de te dire peut te paraître négatif, mais comme tu dois le voir il y a aussi du positif parmi nous, la croissance et la santé de ton frère nous encourage chaque jour, c’est un petit rayon de soleil qui illumine nos journées, ta maman m’épaule beaucoup et m’apporte beaucoup de réconfort quand je ne suis pas bien. Il y a aussi plein de gens autour de moi qui m’aide, qui me permette de me sentir un peu mieux chaque jour, ces gens ne le savent pas, mais je leur dois un grand merci, et cela pour 2 qualités principales que sont l’honnêteté et le respect, même si je ne leur parle pas de toi le fait de leur présence suffit à me soutenir. Tu le sais maintenant, tu vas être grand frère, je ne pensais pas que cela viendrait aussi vite et cela a été difficile dans un premier temps de l’accepté, mais aujourd’hui nous vivons la nouvelle très bien. Ne t’en fais pas ce ne seras pas un remplaçant, tu as toujours pleinement ta place dans nos cœurs, et je pense que ton frère sera heureux de jouer les grands frères…….
Je vais finir ma lettre, mais je ne finirai jamais de te parler, je veux te demander quelques faveurs : aime ceux qui t’entourent comme nous t’aimons, veille sur ta maman et ton frère, ton futur petit frère et tous ceux qui nous sont chères, ne m’en veut pas si parfois je ne pense pas à toi ou si je ne te parle pas et n’oublie jamais : même si parfois ma vue devient flou, même si parfois l’envie d’aller te rejoindre deviens forte et même si je ne suis pas le père idéal, n’oublie jamais que je t’aime !
A mon ange Lucas, pour hier, aujourd’hui et l’éternité
Ton papa qui pense à toi."
En l'occasion des 1 an de sa montée au ciel, je voulais partager avec vous ce que je ressens, je sais que cela peut paraître aux antipodes de mes messages habituelles, mais en vous ouvrant mon coeur je veux vous remercier, tout d'abord à l'association, au forum, à tout les gens qui par leur présence rendent cet espace plein de vie, et me maintiennent debout.
Un merci spécifique aux décembrettes 2009, merci de penser à nous encore et toujours, dans les pires comme dans les meilleurs moments. Vous ne savez pas à quelle point je vous adore !
Restez vous mêmes, ne changez rien.
Jérémy
Bonjour Jérémy,
Merci de nous avoir ouvert ton coeur...
La lettre à ton fils est bouleversante...
J'en ai beaucoup pleuré car elle est si vraie : tu as écrit ce que je ressens moi aussi parfois et je pense qu'elle illustre malheureusement le quotidien de la plupart d'entre nous, parents d'anges...
Mes pensées vont vers toi et ton petit ange...