NAISSANCE PREMATUREE : comment la qualifiez-vous ? Merveilleuse et attroce à la fois.
N je comprends un peu ce que tu ressents, même si mes filles n'ont que 4 mois. Pour ma part j'ai tjrs l'impression d'être une miraculée et mes filles aussi.
En juin, à 6 mois de grossesse, j'ai eu un début de travail alors direction l'hopital (niveau 2). De là, j'ai été transférée en hélico à l'hopital de Meaux (niveau3), soit 150km de chez moi, pour être gardée en MAP. Malheureusement, 2 jours après mon arrivée le traitement pour calmer les contractions a été modifié et j'ai fait une réaction au loxen : oedème aigü du poumon. Il s'est passé plusieurs heures et plusieurs appels auprès des SF et infirmières avant que mon état ne devienne suffisament critique pour qu'une infirmière ne donne l'alerte. Donc avant que je comprenne quoi que ce soit (mon cerveau n'étant plus assez alimenté en oxygène, j'étais devenue longue à la comprenette), on m'a transportée au bloc pour une césa en urgence. Ensuite j'ai passé qq jours sédatée en réanimation car mes poumons et mon coeur avaient du mal à reprendre une activité "normale". Et mes petites loulouttes se trouvaient dans un autre batiment en réa néonat, puisque nées à 29SA tout juste. Ce n'est que le soir du 4ème jour que j'ai eu la force de sortir de mon lit pour m'échouer dans un fauteuil roulant et enfin rencontrer celles qui m'ont sauvé la vie en naissant, mes filles.
Ensuite nous avons vécus comme vous toutes les longues, très longues semaines de réa, de soins intensifs puis de néo nat jusqu'au 15 aout, avec le moral en dent de scie qui suit les progrès et les retours en arrière, les espoirs, les angoisses. Avec ça il y a aussi eu les 3 hopitaux (Meaux, Evry, Etampes) que nous apprenions à connaitre à mesure que les filles se raprochaient de la maison.
Enfin le 15 aout, nous rentrons tous les 5 à la maison, enfin réunis !
Mais l'insouciance ne dure pas. Le 20 aout, nous devons aller à Evry pour une echo prévue de longue date. Seulement quand je vais préparer mes filles, je découvre mon bébé, ma toute petite Gwendoline morte. Du moins c'est ce que je crois pdt 2 ou 3 secondes effroyables. Puis je réalise que ma chérie si blème, si froide (33°C), si molle et si silencieuse respire encore. Faiblement, mais le souffle est là. Alors ni 1 ni 2, tous les 5 nous sautons dans la voiture et fonçons à Evry. Avec le recul on aurait surement été plus rapide avec les secours, mais pas pensé sur le moment.
Arrivés là-bas, j'exige qu'un pédiatre voit ma fille. Elle est admise en soins intensifs immédiatement. Nous ne pouvons pas la voir pdt le temps de lui poser la perf, de l'examen et de la ponction lombaire. C'est l'horreur, je ne sait même pas koi dire à on fils de 4ans, ni à zhom...
Le soir nous savons que Gwendoline fait une méningite. Les médecins ne nous répondent pas qd on demande si elle va survivre. J'ai jamais vu mon mari si malheureux et si vulnérable à ce moment là... Le lendemain, elle va un peu mieux et on nous parle des séquelles possibles. C'est attroce. De son coté Joséphine se porte comme un charme alors elle peut quitter l'hopital. Et nous voilà à 4 à la maison. Avec zhom nous veillons notre fille à tour de rôle.
Le 25 aout, le scénario du 20 aout se répète avec Joséphine. Là, j'ai l'impression que le ciel me tombe encore une fois sur la tête. Cette fois on appelle les secours et j'accompagne ma petite au Kremlin bicêtre. Au bout de 5 jour la méningite est écartée, et ne saura jamais ce qu'elle a eu finalement. Puis le 28 aout mes 2 filles sont réunies en néonat à Etampes. Nous récupérons Joséphine qq jours avant Gwendoline
Voilà, ajd ça fait un mois qu'elles sont à la maison et dorment toutes les nuits à coté de nous. Je suis exténuée de me lever x fois par nuit, mais tellement heureuse d'être fatiguée pour cette si bonne raison.
Depuis le soir de notre rencontre je leur parle. Je leur ai dit pourquoi je n'avais pas pu venir les 4 1ers jours, pourquoi on ne se voyait que la nuit à une époque, pourquoi je pleurais par moments. Je leur ai dit merci d'être venues au monde si tot (et tout ce que ça implique) pour me sauver la vie. J'a dit à ma Gwendoline qu'il était hors de question qu'elle nous quitte, qu'elle allait se battre et vaincre cette saleté de strepto, etc. A mon fils aussi je parle bcp. Il nous a vu au 36ème dessous au moment du diagnostique de Gwendoline. De parler à mes enfants, ça m'a aussi permis de remettre mes idées dans l'ordre parfois, de mettre des mots sur mes sentiments, de faire du tri dans ma tête. On y a tous gagné en somme. Parallèlement, j'ai rencontré 2 psychologues (meaux et etampes), juste pour vider mon sac.
Bon, je vous laisse, les enfants ont faims...
courage à toutes