Une naissance si particulière
Nanatoune:
Bonjour tout le monde,
Il y a des naissances particulières qui vous marque à jamais.
La naissance de notre troisième fils, Pierre, le 1er mars 2017 est une de ces naissances.
Mon mari Valentin et moi sommes déjà les heureux parents d'Alexandre et Raphaël 6 ans.
Notre petit était prévu pour le samedi 25 février. Mais il s'est fait attendre... Dans la nuit du dimanche au lundi, je me suis fait du soucis car le petit ne bougeait plus in utero. Lundi après-midi, direction maternité pour moi pour un contrôle. Tout allait bien mais il ne bougeait plus trop et face à mon inquiétude et vu que le terme était dépassé, la sage femme m'a proposé un déclenchement doux à base d'un cocktail d'huile de ricin.
J'ai donc appelé mon mari pour qu'il me rejoigne à la maternité. Il était en vélo, 15 km à faire! J'ai aussi prévenu ma mère que je ne rentrerai pas ce soir la! Nos deux grands étaient fous d'impatience de rencontrer leur petit frère.
En arrivant en vélo vers 17h30, Valentin s'est plein d'une grande faiblesse physique et d'une barre dans la poitrine. Je lui ai donné des fruits à manger et un jus de pomme. Nous avons pensé à une crise d'hypoglycémie...
Il est reparti chercher mes affaires à la maison, s'est occupé des deux grands, a pris une douche... À 20h30, il était de nouveau prêt de moi. Comme il se sentait toujours aussi mal, il a décidé d'aller faire un tour aux urgences de l'hôpital.
Pour précision, c'est un petit hôpital dans une petite ville en Allemagne.
À 22h, je devais faire un monitoring. Mais les urgences ont appelé la maternité pour que je vienne voir mon mari.
En arrivant, le médecin me dit que je dois être forte... J'arrive dans la chambre de mon Valentin. Allongé, pale, la peur dans les yeux... Il m'annonce l'impensable. Il est en train de faire un infarctus. La maintenant. Il doit être opéré de toute urgence...
Nous nous embrassons... Je lui dis aurevoir sans savoir si je vais le revoir... Folle d'angoisse, je vais faire le monitoring. Notre bébé va bien.
L'intervention de Valentin devait durer une heure. Mais à 23h, toujours aucunes nouvelles. Je reste assise devant la salle d'opération deux heures, enceinte jusqu'aux yeux. À 1h, le chirurgien arrive et me confirme l'infarctus. Une artère de bouchée et un stent de poser. Les prochaines heures allaient être décisives. J'ai pu le rejoindre directement aux soins intensifs. J'y suis restée deux heures. À 3h, je suis retournée dans ma chambre, incapable de fermer les yeux. Transpercée par une angoisse folle et une peur de perdre l'homme de ma vie. À 5h, j'ai capitulé et je suis retournée auprès de mon mari. Il ne dormait pas non plus. Je suis restée auprès de lui tout le mardi, avec des pause monitoring en maternité.
Nos deux grands garçons sont venus me voir mardi. Pas leur papa, pas souhaitable et possible en soins intensifs.
Mercredi matin, à 6h30, j'ai eu du gel sur mon col. Je suis partie après voir mon mari. Il était 9h00. J'ai commencé à avoir des contractions. Douloureuses mais supportables et bien espacées. À 10h00, je suis allée chercher mon code wifi à l'administration. 10h30, monitoring. Contractions mais rien de bien méchant.
À 11h30, j'étais dans ma chambre. Le repas a été servis. Et la, d'une minute à l'autre, à midi, j'ai commencé à avoir des contractions monstrueuses! Mais pas une minute je me suis dit que le travail commençait...
J'ai mangé. Entre deux bouchers, je me levait car la contraction était trop forte...
À 13h00, je me suis présentée à mon monitoring de contrôle. En voyant ma tête, la sage femme m'a directement installée dans une salle de naissance. Monitoring posé. Contractions très rapprochées et très très douloureuses... 13h15, la sage femme me fait un touché vaginal car je commence à avoir envie de pousser. En effet, col ouvert à 10... Terreur la plus totale pour moi... Je réclame une péridurale, trop tard bien entendu. Je hurle que je veux mon mari... Impossible, je le sais... Mais je hurle son nom, en larme...
Le travail commence vraiment. Le petit pousse de plus en plus et de fraye le passage... J'ai mal tellement mal. Petra, la sage femme, ne me quitte pas... J'ai peur. Je lui dis plusieurs fois que je ne vais pas y arriver sans mon Valentin. J'ai tellement mal dans mon cœur et mon âme... Je commence à pousser à chaque contraction...
Le médecin arrive, la fin est proche. Je suis à bout de force...
Une contraction arrive. Elles me demandent de pousser. Allez, encore, et encore. Et une dernière fois en y mettant ce qui me reste de force.
Je hurle. On me déchire le corps en deux. Je hurle le nom de mon mari. Ou es tu????? Pourquoi nous?????
Notre bébé pleure. Il est la. Je le prends sur moi. Il est beau, comme ses frères. Je dois encore expulser le placenta. Ça prend du temps encore...
Et après, le médecin me recoud. 45 minutes. Déchirement sévère de la vulve jusqu'au clitoris...
Pendant ce temps, mon petit est sur moi. Mais je pleure. Je pleure d'être seule, entourée d'étranger. Elles m'ont aide à mettre mon enfant au monde, mais mon Valentin n'était pas la...
Pierre est né à 14h15. Un beau bébé de 3,575kg, 54cm et un pc de 38cm.
De retour dans ma chambre à 16h00, je n'ai plus qu'une obsession: présenter le petit à son papa.
L'infirmière vient pour m'aider à me lever. Deux fois: 16h00 et 18h00 mais impossible de dépasser le stade assise sans avoir la tête qui tourne.
Impossible pour Valentin de voir Pierre aujourd'hui. Je pleure. Encore et encore. À 21h, l'infirmière de nuit me propose encore de le lever. J'y arrive mais tombe dans l'inconscience sur le toilette. La gloire!
Mais jeudi matin, j'ai pu présenter notre bébé à son papa. Enfin...
Je suis rentrée samedi de la maternité. Mon mari est rentré lundi.
Il va mieux. La semaine prochaine, il va devoir partir trois semaines en cure. Une nouvelle épreuve pour nous tous. Comme nous habitons à l'étranger loin de nos familles, nous nous sommes organisés pour que nos familles viennent me soutenir pendant ce temps.
Et maintenant, comment je vais?
Pour être honnête, je ne vais pas bien. La valse des hormones n'aide pas. La fatigue non plus. La douleur physique et psychique est forte.
J'ai mis notre enfant au monde seule. J'ai failli perdre mon mari.
J'aurai du être au premier plan... Je suis passée tout derrière. C'est difficile d'être forte tout le temps. La, je peux plus.
J'ai des angoisses terribles.
Mon mari est dans l'action. Il est axé sur sa guérisons. C'est primordial. Mais du coup, je me sens un peu seule tout de même.
J'allaite notre bébé, mais je n'aime vraiment pas ça du tout... Je ne sais pas encore si je vais continuer. Je veux récupérer mon corps pour moi toute seule...
S'il vous plait, ne me jugez pas.
Voilà, je souhaitais déposer mon histoire ici.
Ce forum m'a souvent aidé...
Je vous laisse
BelaB:
Nanatoune, tu as bien raison de venir déposer ton histoire.
Que c'est difficile d'imaginer ce que tu as vécu !
Ton accouchement est très traumatisant. Le vivre seule est déjà en soi, une vraie source de stress et d'angoisse. Le déroulement lui-même, la grande déchirure (mon dieu, que s'est il passé pour que la déchirure soit si grande ?), mais également l'inquiétude pour ton mari...
Concernant l'allaitement, ne te pose aucune question: si tu n'en as pas envie, arrête ! Se forcer à donner le sein est terrible pour tout le monde.
J'ajouterais que ton bébé a probablement besoin de toi, plus que de ton lait. Besoin de tes mots et de ta présence.
Comment vont tes grands ?
Gabribulle:
Je ne sais même pas quoi dire à part que c'est terrible... Personne n'a à te juger et tu dois faire ce qui te permet de gérer cette situation au mieux.
L'allaitement n'est pas une obligation, et je comprends bien ton besoin de te réapproprier ton corps après toutes ce s épreuves physiques et psychologiques.
Mon mari a failli y passer pour la même raison il y a 10 ans déjà, mais nous n'avions pas d'enfants à l'époque....
Ju350:
Nanatoune, je n'ai pas de mot. Je étais tellement heureuse que tu es ton petit troisième après ce qu'il s'est passé il y a un peu plus d'un an, mais le reste te ton post me glace. Je n'arrive même pas à imaginer ce que tu as pu endurer pendant toute cette période et je ne sais même pas quoi te dire.
Pour l'allaitement, ne te force pas. Tu as le DROIT de ne pas pouvoir allaiter. Tu as été traumatisé par quelques chose que la société présente comme magnifique. Car il ne faut pas se leurrer en plus de l'angoisse pour ton mari, ton accouchement à été traumatisant, et cela même si ton bébé va bien.
Tu as également le droit de craquer, et peut être que d'en parler avec nous te fera du bien mais peut être que plus tard quand tu sera prête voir avec un professionnel pour en parler. En attendant nous sommes là pour toi. :-* :-* :-* :-*
Nanatoune:
Merci pour vos messages.
La déchirure est du à la taille de la tête du petit et sinon je ne sais pas!
Mes deux grands ont réagi très différemment. Cette semaines sans nous deux a été une épreuve pour eux.
Heureusement, ma mère était et est la.
Alexandre a été très agressif. Un vrai petit mâle alpha. Raphael quand a lui, totalement apatihique, très fatigué, plus d'appétit.
Depuis mon retour samedi ils vont mieux. Et avec le retour de Valentin lundi encore mieux.
Mais ils ne savent pas encore que leur papa va partir trois semaines en cure.
On attends encore pour leur dire.
En ce qui concerne l'allaitement, je n'avais déjà pas aime ça avec les grands.
Et la, je ne me sens pas à l'aise du tout. Mes seins me font mal et je ne veux plus avoir mal physiquement.
Ça suffit...
En revanche, je ne sais pas trop comment m'y prendre....
Des conseils pour moi?
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