Je rebondis sur le fait de se dire "Et comment ça aurait été si j'en avais eu qu'un?"
PArce que nous, justement, on a pas eu besoin de se le dire, on l'avait vécu.
Nous avons eu un bonhomme avant les filles.
Et c'est justement le fait que ça se soit si facilement passé avec lui qui a été plus dur puissance 1000 avec elles.
Lui n'avait aucun souci de sommeil, d'alimentation ou j'en passe. Bébé agréable, à trimballer partout. Vraiment, le bébé simplicité quoi.
Le bébé qui vous donne envie d'en faire 10 comme lui.
Et puis y'a les filles quoi
C'est pas leur faute bien sur mais quel cataclysme.
D'un coup, nous qui pensions être parés et même plus parés que d'autres futurs parents de jujus qui n'avaient, eux, pas déjà goûté à la parentalité, on a vu toutes nos certitudes éducatives et j'en passe, voler en éclat.
Déjà, bébés avec des soucis (nées à terme sans pb) de sommeil, d'alimentation, de digestion... nous qui n'avions jamais connu ça.
Et de voir les autres parents de jujus qui gèrent, ça nous foutait au 36ème dessous.
Et le pire, c'est que nous n'en parlions à personne car nous, on avait la "chance" d'avoir été 2 pendant les 6 premiers mois de leur vie (mari au chômage puis en congé parental) alors on avait honte d'avouer que nous, à 2, on en pouvait plus. Les 6 premiers mois, on a vraiment reçu aucune aide, ce fut très très dur.
On nous rabachait les oreilles avec les TSIF sauf que le reste à charge restait encore trop important pour notre budget (malgré notre QF de misère!) et puis, surtout, les assos de notre dpt était assaillie. Pas de veine quoi.
Babysitter? Hors de question, jamais nous aurions confié à une nana de 18 ans nos 2 bébés + notre "grand" de 5 ans.
Les fameuses écoles pourvoyeuses de sage femme & co? Toujours par de veine je crois car on est jamais bien tombé.
Et puis tout paraissait toujours tellement compliqué à mettre en place, c'était épuisant, blasant, décourageant.
Je supportais plus personne, les gens sans gamins, les gens qui en avaient, ceux qui avaient des jujus aussi, etc.
J'étais en colère contre nous, les bébés et je ne rêvais que d'une chose? Revenir en arrière, du temps où nous n'étions que 3.
Aujourd'hui, à l'aube de leur 4 ans, on est toujours là, ça va mieux mais uniquement parce qu'on a pris la routine de ce quotidien quoi. Et puis bien évidemment, l'autonomie, ça aide un brin.
Les nuits sont toujours aussi merdiques, les repas trop souvent.
C'est vraiment épuisant. Ca met à mal le couple, le moral, tout.
Je suis bien heureuse que ça se passe pas ainsi dans toutes les familles de multiples, ce qui en revanche me peine davantage. Parfois je me demande comment ça se fait qu'on en soit là?
Et je crois que ce qui me pèse le plus est de faire semblant: d'aller bien, de trouver ça génial, de trouver ça épanouissant.
Petite précision: pas de pma pour nous, gémellité surprise à la conception du second.
Voilà, j'ai vidé comme vous ici ce que j'avais depuis trop longtemps sur la patate. Dans la vie réelle, avec amis et famille, il ne comprendrait pas. C'est pas "politiquement correcte" d'exprimer ce genre de sentiment.
Allez tu remets ton masque et tu fais comme si... et ça marche en plus.