Cette nuit, je n'arrive pas à dormir, pourquoi ? Bonne question... En tout cas, je repense comme chaque jour à tout ce chemin parcouru depuis bientôt 5 mois... La prématurité... Ce mot qui me fait encore tellement froid dans le dos résonne en mois comme un tremblement de terre, et aujourd'hui encore je crains tellement les répliques de ce séisme qui est venu bouleverser ma tranquille grossesse gémellaire, ma vie, leur vie... Et cette nuit, je repense à tous ces doutes, toutes ces questions... Et tous ces témoignages que j'ai cherché sur internet lorsque la prématurité m'est tombée dessus. Alors je me suis dit que je devrai partager notre histoire, puisque cette histoire est écrite. J'ai tenu un journal de bord pendant l'hospitalisation de mes filles et je le partageai sur mon fil de grossesse et avec ma famille, mais pour les mamans qui s'interrogent, je me suis dit que ce témoignage aurait tout à fait sa place ici, sur le fil de la prématurité.

Tout d'abord, je tiens à parler de maintenant, afin de rassurer celles et ceux qui liront les posts qui suivent. Aujourd'hui Nor@h et G@brielle se portent à merveille, elles illuminent ma vie par leur sourire. Pourtant, je souffre encore terriblement de la prématurité. Je me dévoile dans les récits que j'ai écrit... Je me mets à nu... Vous y trouverez aussi bien le parcours médical, avec les termes médicaux barbares qui me donnent aujourd'hui l'impression d'avoir passé un doctorat de médecine en 3 mois. Vous y trouverez les interrogations, les peurs, les coups de sang d'une maman qui a écrit à chaud. Si raconter mon histoire peut aider ne serait-ce qu'une personne, j'en serai heureuse. EN tout cas, elle m'aide moi.

Ecrire est ma thérapie pour surmonter cette épreuve depuis le début, encore maintenant j'en ressens le besoin. J'ai l'immense bonheur, immensurable chance d'avoir mes deux amours près de moi... Malheureusement la prématurité enlève la vie de dizaines, de centaines de petits êtres qui font passé les mamans au status de mamanges, et qui les obligent à franchir la barrière du deuil, et à changer de catégorie sur le forum pour aller leur rendre hommage dans le « coin des anges »... Mille pensées pour tous ces anges, pour leurs familles...

J'ai commencé à écrire quelques jours après la naissance des filles... Pour commencer je vais déjà faire les présentations... Je me lance...

Notre histoire commence au collège (oui je remonte loin...) quand j'ai rencontré l'homme de ma vie... Petite idylle sur les bancs du collège, nos chemins se sont séparés pour mieux se retrouver il y a bientôt 5 ans de cela. Qui nous aurait dit il y a plus de 10 ans maintenant que nous aurions des enfants ensemble ? Qui plus est des jumelles ? Bref, nous sommes les plus heureux du monde aujourd'hui.

En juin 2012, après mûre réflexion nous décidons que nous sommes prêts. Nous voulons un enfant ! Décision importante, je prend rendez-vous chez ma gygy afin de faire retirer l'implant de mon bras, pour commencer nos « essais ». Le rendez-vous n'est qu'en octobre, la gygy me précise d'attendre au moins 3 mois avant de commencer les essais, car suite au retrait de l'implant les risques de fausse couche sont accrus. Mais comme depuis mes 16 ans elle me dit que je risque de faire beaucoup de fausses couches à cause de mon endométriose, je décide de ne pas attendre pour tenter coûte que coûte... Courant novembre, première fausse couche, mais je ne savais même pas que j'étais enceinte. Déception tout de même puisqu'on se dit avec chéri que nous ne sommes pas au bout de nos peines, bien qu'une fausse couche soit « normale » et que cela arrive à tellement de couples... Du coup, quand en janvier mon chien (Gaïa, bouledogue français, notre « premier bébé »!) est toujours collée à moi et sur mon ventre plus particulièrement, et qu'elle ne veut plus aller avec chéri, je ne m'imagine pas ce que je vais découvrir quelques semaines plus tard, persuadée que je ne vais pas tomber enceinte de si tôt. Pourtant fin janvier, ma poitrine est tendue, j'ai faim, très très faim tout le temps, et je vais bientôt commencer un nouveau travail. Je commence ce travail à la mi février, et la veille de mon premier jour, je décide de faire un test : POSITIF ! La prise de sang qui suit confirme le test pipi avec un taux très élevé de bêta HCG, ce qui me fait penser que ma grossesse est bien avancée. Je commence donc mon nouveau boulot avec la boule au ventre (et pas seulement...!) et rendez-vous est pris pour passer un échographie le 19 février. Ce jour là, chéri a pris son après-midi pour m'accompagner, et heureusement, car je n'aurai pas imaginé que je serai incapable de prendre le volant en sortant du cabinet.... L'échographie se déroule bien, ma gygy nous confirme donc qu'il y a bien un petit être dans mon ventre, que son cœur bat bien, quelle émotion que de l'entendre pour la première fois ! Je suis déjà bien attachée à ce petit être qui grandit en moi ! Et puis 5 minutes après je vois son visage se décomposer... J'ai peur, je lui demande ce qu'il se passe et elle me répond mot pour mot « je suis désolée, je crois  bien que j'ai parlé trop vite, c'est la première fois que ça m'arrive » QUOI ? COMMENT ? VOUS M'AVEZ DIT QUE TOUT ALLAIT BIEN QUE SE PASSE T'IL ?? Je suis son regard en direction de l'écran, et là, surprise, je vois 2 « tâches » ! Je la regarde en disant « il y en a 2? », elle hoche la tête et mon chéri recule au fond de la pièce, respire un grand coup pour revenir et demander d'un ton déterminé « vous êtes bien sur qu'il n'y en a pas 3 ? » . Elle a bien vérifié, il n'y en a « que » deux. Je ne vous fais pas de dessin sur le choc gémellaire, si vous êtes sur ce forum, vous l'avez sans doute éprouvé. Elle me donne donc rendez-vous chez un échographe pour déterminer les termes barbares de cette grossesse bichoriale, monochoriale, mono ou biamniotique... elle m'explique aussi ce qu'implique une telle grossesse, les précautions... Etc. Je me retiens de pleurer jusqu'à ce qu'elle évoque les tests de la trisomie qu'elle ne veut pas faire car trop risqué sur une grossesse multiple, c'en est trop je fond en larme.... Et ça pour les heures qui ont suivi. J'étais enceinte de deux bébés, j'entrais dans la grande famille des parents de multiples, et j'allais « pousser la porte » de ce forum.

Une fois le choc passé, c'est l'impatience qui s'est installée... Notre premier achat a été le tank qui servirait dans désormais 7 mois, peut être 6 puisqu'on m'avait parlé de déclenchement aux alentours de 38 SA. Bien sur, jamais je ne me suis imaginée que ça viendrai avant, enfin inconsciemment, avec une DPA au 30 septembre, je m'attendais à accoucher aux alentours du 15 août, voire un petit peu après, mais pas trop quand même, c'est que c'est fatiguant d'être enceinte, alors de deux bébés !!!

Je ne vais pas détailler toute ma grossesse qui s'est relativement bien passée, un joli bidon qui a « craqué » mi juin, très peu de contractions, un petit peu de protéinurie, d'oedème et de la tachycardie, quand même mal au dos il faut dire, mais rien d'insurmontable. Cela a été plus compliqué sur le plan social avec des « amis » qui m'ont pourri ma grossesse... Et puis mes Amies, avec un grand A, du forum, le merveilleux cru des septembrettes 2013 m'a bien aidé à faire passer les jours, chaque jour étant un jour de plus en moins. Hormis une petite infection urinaire, rien de particulier à déclarer. A partir du 4ème mois, j'ai été suivie dans une maternité de niveau 2b, c'est à dire avec une petite unité de soins intensifs, avec une échographie mensuelle. Ma grossesse était une monochoriale biamniotique, j'aurai donc du avoir une échographie tous les 15 jours, ce qui a été un sujet de discorde avec mon gynéco, mais cela devait se mettre en place à partir de la mi juillet, car je trouvais inadmissible qu'il ne prenne pas au sérieux le risque de STT.

A la dernière échographie, celle des 26 semaines, mes filles (nous savions déjà le sexe) étaient estimées à 911 et 965 grammes. Nous devions les revoir 3 semaines plus tard, puis ensuite toutes les 2 semaines jusqu'à la fin de ma grossesse.

Tout a basculé le mercredi 3 juillet 2013. Je ne me sentais déjà pas bien depuis le début de la semaine, j'étais très fatiguée, j'avais quelques contractions. Le mercredi matin, après une deuxième nuit blanche passée sur le canapé pour ne pas empêcher chéri de dormir, je lui dis de ne pas trainer à débaucher le soir, car je ne me sens pas bien, et je ne veux pas prendre de risques, bien que j'ai une consultation le lendemain je préfère aller aux urgences, au cas où. Lui me dit de ne pas attendre si ça ne va vraiment pas, et d'y aller avant si besoin. Je laisse la matinée se passer puis j'appelle la maternité qui me dit de venir si vraiment ça ne passe pas avec un spasfon d'ici 14 heures. J'ai mal dans le bas du dos, et dans le bas ventre, ce que je suppose être des contractions. La douleur ne passant pas, avec des douleurs cycliques toutes les 10-15 minutes, j'appelle ma maman pour qu'elle m'emmène aux urgences. Nous partons donc en direction de l'hôpital qui est à 25-30 minutes de mon domicile. Nous sommes accueillies par la sage-femme que j'ai eu au téléphones quelques heures plus tôt. Elle m'emmène aussitôt dans une salle d'examen dans laquelle je me pèse (j'ai pris 5kg depuis ma dernière consultation, c'est beaucoup) elle me mesure la hauteur utérine puis me demande de me rhabiller pour aller dans une salle de pré travail passer un monito. J'ai du rester une heure, peut-être deux branchée au monito, mes douleurs étaient toujours présentes, mais aucune contraction n'était détectée au monito. Elle m'a donc dit de rentrer chez moi, de ne pas venir pour rien, ça ne sont que des douleurs de « fin de grossesse » (je suis à 6 mois, avec un ventre digne d'une femme enceinte de singleton à 10 mois de grossesse mais quand même....) ou un bébé mal placé, mais qu'à part prendre mon mal en patience je ne peux rien faire... En gros, « aies mal et tais-toi ». Je suis donc repartie, souffrant le martyr, pleurant de devoir supporter tout ça encore au moins 2 mois, épuisée par le manque de sommeil et d'appétit, et surtout sans avoir vu de médecin ni été examinée « plus profondément » (sans mauvais jeu de mots!).


Je suis rentrée avec mes douleurs dans les reins et dans le bas ventre, toujours cycliques, toutes les 10 minutes voire moins, mon ventre étant dur que sur le côté droit et jamais à gauche, passant une nuit chaotique sur le canapé. Je passais mon temps à chercher une position qui me soulage en vain, je me levais au rythme des contractions remplir ma bouillotte d'eau chaude car elle n'était jamais assez chaude, déjà plus de 48 heures sans dormir et sans manger, pliée en quatre, dans l'attente inespérée de ce rendez-vous avec mon gynécologue à 11 heures, qui je l'espérais allait pouvoir m'aider. J'en étais à détester ce qui me faisait tant souffrir, à vouloir que ça s'arrête... C'était sans imaginer ce qui allait se passer dans les heures qui suivaient...

Au petit matin, mon chéri, qui lui aussi avait mal dormi bien que dans notre chambre, gêné par mes hurlements et mes pleurs de douleur s'est proposé de me ramener aux urgences, mais j'ai décliné puisqu'on m'avait bien fait comprendre la veille que j'étais venue pour rien. Et puis j'avais rendez-vous à 11 heures. Je l'ai donc laissé partir travailler. Je suis allée prendre une cinquième douche chaude depuis la veille au soir pour partir plus tôt, car je n'en pouvais plus de tourner en rond. Mes douleurs, dont j'avais la certitude qu'il s'agissait de contractions, s'étaient rapprochées depuis 6 heures du matin toutes les 5 minutes en moyenne, puis toutes les 3 ou 4 minutes quand je suis partie de chez moi. J'ai pris ma voiture, me suis arrêtée en passant chez l'une de mes meilleurs amies puisque j'étais en avance, pris un thé et je suis partie en direction de l'hôpital. Mon amie m'a avoué plus tard être terriblement inquiète... Ce jour là elle m'a donné un sac avec des affaires, un brumisateur, de la vitamine K1 car elle était maman depuis avril dernier et m'a avoué avoir le sentiment que j'allais accoucher ce jour là... Je suis donc arrivée à l'hôpital, seule au volant de mon nouveau break, les douleurs étant insoutenables, j'ai pris mon bon de consultation puis me suis traînée jusqu'au premier étage, puis dans la salle d'attente. Je revois un couple m'observer avec peine me toucher le ventre et me tordre de douleur dans la salle d'attente. Il était déjà 11 heures, l'heure de mon rendez-vous mais il y avait 45 minutes de retard. Je regardais mon téléphone au rythme des contractions, toutes les 2 ou 3 minutes, j'avais mal, les larmes aux yeux.

Mayon ... pas terminé de lire mais je vais aller chercher la boite de kl€enex  avant de poursuivre ... pourtant on connait l'histoire ... super idée d'avoir créé ce fil !! 

Pffffff moi aussi je chiale.... Ma mère vient de me tel et j'ai eu du mal à lui répondre avec une voix normale... Bref, on connaît l'histoire mais ça remue tout ça. Et puis y a pas à dire, elle a une sacrée plume notre mayon. Moi je pense que c pas la meuf à Bigard qu'on veut lire, c'est mayon et l'incroyable aventure de la venue au monde de nos mascottes adorées. Bref, snif  J'adore les histoires qui finissent bien!!!!!!!

Merci NORAH et GABRIELLE