Attention pavé
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La SF que nous avons vue pour une visite de routine le 30 août nous avait prévenus : "un déclenchement, ce n'est pas sympa"…
Comme convenu, jeudi 5 septembre, j'appelle la mater pour savoir s'ils ont de la place pour moi. Ils sont débordés, me demandent de passer pour un contrôle mais qu'il est fort probable que je rentre chez moi. Je me dis : "cool, on va pouvoir aller au restau ce midi pour manger une pizza !" Que nenni…
En arrivant une heure plus tard, aucune salle de travail n'est disponible, mais une salle de naissance, il y en a bien une alors elle sera pour moi !!
La gynéco responsable de l'espace naissance ce jour-là est alors la même qui m'avait hospitalisée 3 semaines auparavant pour suspicion de STT. Sur le chemin, j'avais prévenu mon Homme qu'éventuellement, nous pourrions avoir à faire à la même personne et que je ne voulais pas de scandale… La tête qu'il a fait quand il est entré dans la salle… Elle s'est excusée pour toutes les misères que j'avais subies 3 semaines plus tôt et tenait la sonde d'une main tremblotante. C'est alors qu'elle nous a annoncé une différence de poids d'un kilo entre les deux bébés et qu'elle a demandé à un confrère de faire une 2ème écho. Elle a même ajouté : "quand j'ai vu que vous veniez aujourd'hui, je savais que j'allais encore trouver quelque chose…"
Nous voilà partis pour rejoindre les consultations, passer devant tout le monde et retrouver le 2ème médecin que nous connaissions également. C'est bien simple, nous les avons tous rencontrés lors de mon 1er séjour à la maternité. Lui, trouvera une différence de poids de 300 grammes et des bébés en forme donc aucune urgence… retour en salle de naissance !
Je suis hyper stressée, la SF est super douce et rassurante malgré son jeune âge et pose une 1ère dose de gel après 30 minutes de monitoring. Elle nous annonce alors que je vais rester ici en observation pendant 2 heures sous monitoring pour observer les cœurs des bébés. Au bout d'une heure, je commence déjà à me tortiller dans tous les sens, non pas à cause des contractions mais à cause de mon dos qui me fait horriblement mal.
Puisque rien ne se passe au bout des 2 heures, on me passe en chambre et on attend… 3 monitos par jour, pas de contractions, RAS mais persuadés que tout se déclenchera cette nuit, Chéri reste à mes côtés et essaye de dormir tant bien que mal sur le fauteuil très inconfortable.
Le lendemain, je suis à jeun. Contrôle du col… toujours fermé, toujours tonique et toujours très postérieur… J'aurai droit à 3 TV par jour pendant 5 jours, quel bonheur !!!!!
Rebelote, nous gagnions l'espace naissance pour la pose d'un second gel et comme les loulous bougent beaucoup, nous allons rester 3 heures dans la salle de pré-travail sous monito. J'ai faim, j'ai soif et j'en ai ras-le-bol !! Le futur papa essaye de me faire rire, de me calmer… Une de mes amies a attendu la dernière minute avant de faire appeler son mari, moi, sans lui, je n'aurais jamais pu tenir !
Je contractouille un peu mais rien de bien méchant, je retourne dans ma chambre et je peux enfin manger !
Je passe la fin de journée sans contractions, sans douleur particulière, Chéri rentre à la maison, pas question qu'il se fracasse le dos plus que ça. Il part, je fonds en larmes…
Samedi matin, je suis à jeun une nouvelle fois et j'attends de savoir à quelle sauce je vais être mangée aujourd'hui. Physiquement et psychologiquement, je suis à ramassée à la petite cuillère. Ils décident de me laisser une journée de répit. Je souffle un peu pendant cette journée, retrouve un peu le sourire. On fait le tour de l'hôpital, monte et descend les escaliers même si mes pieds et mes genoux me font atrocement mal à cause de la rétention d'eau et du poids (+25kg). Malgré tout, j'arbore encore fièrement mon ventre rond même si je me sens comme une baleine.
Mon Homme part en début de soirée et une heure après je vois débarquer dans ma chambre l'obstétricien de garde (que je connaissais aussi !) qui veut me faire une écho. Il doit être aux alentours de 21h30, j'en mène pas large, je prends une double dose de gelsemium… Les résultats seront identiques à la 2ème écho de jeudi et le TV ne donnera aucune indication supplémentaire. Rien ne bouge…
On aborde la possibilité d'un 3ème et dernier gel le lendemain, de perfusion, de césarienne etc. Pendant la consultation, Chéri, inquiet, me bombarde de SMS… Je retourne dans ma chambre vers 23h, à bout de nerfs !!
Dimanche matin (ai-je besoin de préciser que je suis encore à jeun ?), l'obstétricien responsable de l'espace naissance vient contrôler mon col qu'il arrive à attraper, non sans mal… et me décolle la membrane.
Je suis ensuite accompagnée une nouvelle fois dans l'espace naissance et on me pose un 3ème et dernier gel… Même chanson, même refrain, 2h30 de monito, j'ai mal au dos et tiens une nouveauté, je commence à avoir des contractions régulières mais non douloureuses. Je suis nerveuse, angoissée, stressée… J'ai peur, bref, je suis le boulet de la maternité !
Je retourne tout de même dans ma chambre et j'ai le droit de manger, j'aurais du apprécier ce repas car il sera mon dernier avant mardi après-midi…
La SF qui prend le relai pour la nuit vient me poser le monito, je contracte toujours, Chéri est à mes côtés, je suis loin d'être sereine et comme elle me sent hyper tendue, elle me propose une petite piqûre de morphine. J'ai peur de ce que je ne connais pas alors je commence à lui demander les éventuels effets secondaires sur les bébés, sur moi etc. Discrètement, Chéri lui dit de me piquer et elle de s'exécuter ! Je vais rester scotchée au bras de mon Homme pendant une heure sans bouger. Je ne dis rien, je ne dors pas mais j'essaye tant bien que mal de mettre mon cerveau sur OFF. Il rentre, je me retrouve seule avec l'angoisse de la nuit. L'injection m'a calmée un peu, je suis dans un état second et je sens que les contractions s'arrêtent vers 2h30 du matin.
Lundi matin, je suis dilatée à 1 doigt ! Victoire ? Tout ça pour ça ? Entre les deux mon cœur balance… La SF passe me dire que le staff va se réunir et prendre une décision me concernant : il me reste deux options : la perfusion ou la césarienne… au final, ce sera les 2 mon Capitaine !!
Une heure plus tard, on m'annonce qu'ils vont me poser la perfusion. Je saute dans la douche, préviens Chéri et rejoins l'espace naissance pour la 4ème et dernier fois… La SF est rassurante, a 4 enfants, on discute, elle pose la perfusion, m'explique que la péridurale sera posée quand je le souhaite etc. Il est 10h30, elle rompt la poche des eaux… A 12h30, elle me propose d'appeler l'anesthésiste puisque l'heure du déjeuner va sonner et que pour le moment il est encore disponible. Arrive alors un petit bonhomme qui comprend très vite que la dame a besoin d'être rassurée ! Il a su trouver les mots, me faire penser à autre chose et hop une péri de posée !
On contrôle mon col toutes les heures, ça bouge doucement mais sûrement… Les bébés vont bien, physiquement je tiens le coup même si j'ai très mal au dos et que mon Homme est obligé de me manipuler régulièrement pour que je soulage la partie gauche de mon dos, l'épaule droite, la partie droite encore et encore… en fait, je suis complètement tendue et incapable de lâcher prise.
Vers 20h30, le SF de nuit prend la relève, le seul homme SF de l'hôpital, hyper doux, hyper rassurant mais avec moi, ça ne suffira pas. Je l'accueille d'ailleurs en lui disant : "votre collègue vous a prévenu que vous avez hérité du boulet de la journée ?". Il nous explique que l'équipe de nuit est au top… et que l'obstétricien de garde est la fameuse du mois d'août, la fameuse du 5 septembre… Une fois le SF sorti, je regarde Chéri et lui lance un : "j'en étais sûre que nous allions tomber sur elle !".
Les choses commencent à prendre une nouvelle tournure, malgré la péridurale j'ai mal en bas et ai une horrible envie de pousser…
22h30, je suis dilatée à 7 mais pendant les 2 heures qui suivront tout va basculer… Il va devoir sortir la lourde artillerie pour me soulager, me fais des shoots de je ne sais quoi qui vont agir une dizaine de minutes à chaque nouvelle dose. J1 est sous haute surveillance car son rythme cardiaque s'accélère depuis un petit moment… Je commence à avoir de la fièvre, j'ai peur… On me donne des antibiotiques, du paracétamol et une bonne dose d'anxiolytique. J1 se calme mais J2 commence à fatiguer. Je monte à 16 de tension, on me sort le gaz hilarant qui m'envoie limite au tapis et je chute à 8. A 00h30, je suis toujours dilatée à 7, c'est là que le SF évoque une possible césarienne. Toutes les salles de naissance sont prises, une césarienne en urgence doit être pratiquée mais 5 minutes plus tard, je vois rappliquer toute l'équipe de garde. Je suis soulagée d'un côté mais terrorisée de l'autre et déçue mais la déception ça, ça viendra plus tard. Chéri qui en a bavé psychologiquement autant que moi se retrouve tout seul dans la salle de naissance pendant que je rejoins le bloc.
Je suis dans un état second, shootée, flippée, angoissée, je broie gentiment la main de l'anesthésiste qui me dira 10 minutes plus tard : "madame, je dois y aller, j'ai d'autres péridurales à poser"… C'est le médecin de la réa qui a pris le relai pour me rassurer.
A 1h10, M@rcus est né, ils me l'ont présenté très rapidement. Il était beau (normal, mon fils !), m'a paru si grand, si gros, il pesait 2,710 pour 47cm Quant à P@co, né 2 minutes plus tard, je ne l'ai pas vu tout de suite, même taille mais 2,450kg. Ils l'ont sorti par les pieds, un peu violent quand même.
J'ai été amenée en salle de réveil et comme j'étais toute seule, ils ont laissé le jeune papa me rejoindre avec nos fils que j'ai trouvés magnifiques avec leurs yeux grands ouverts.
Nous avons ensuite regagné la chambre et quelques instants plus tard, P@co descendait en néonat pour 48 heures. J'étais complètement déboussolée.
La médecine n'a pas eu raison de la nature, mon corps n'était pas prêt pour l'accouchement, il a fallu en venir au bistouri. Avec le col que j'avais, j'aurais pu tenir les 41SA je crois !!
Je ne pouvais pas bouger donc je suis descendue avec le papa le lendemain, mercredi pour retrouver mon bébé et le mettre au sein un petit moment. Alors qu'il tétait, j'étais en larmes de le découvrir et pleine de culpabilité d'avoir M@rcus au sein depuis la veille…
Le sein, parlons-en… Il fallait que je réveille M@rcus toutes les 3 heures pour téter, il a été complété dès le lendemain de sa naissance. On ne m'a pas demandé mon avis, on ne m'a pas proposé d'essayer de tirer un peu de colostrum pour P@co… Rien… Je me suis sentie seule avec un ventre encore rond mais vide et tout mou et les larmes ont commencé à couler. Je m'en voulais de ne pas pouvoir me lever et aller voir mon fils, je m'en voulais de ne pas ressentir le plaisir escompté en allaitant… J'étais perdue.
La seconde nuit, M@rcus était agité et j'ai pensé à toi Ayaya et me suis répété : "une truie n'écrase pas ses petits !". Je l'ai calé avec le coussin d'allaitement, ai mis la barrière et nous avons passé la nuit tous les deux collés. Je suis incapable de me souvenir comment j'ai pu l'attraper, le mettre dans le lit, monter la barrière…
Le jeudi matin, nous avons fait le bain avec M@rcus, enfin, plutôt j'ai regardé le papa faire. A l'annonce de son poids, je me suis effondrée en larmes et de plus belles quand j'entendais les poids des autres bébés.
J'ai récupéré P@co dans l'après-midi et on m'a parlé du tire-lait… Allez, hop, c'est parti pour un réveil des bébés toutes les 3 heures et un tirage de lait à chaque tétée. J'étais épuisée.
Le seul moment où je pouvais me reposer le matin, j'avais droit au défilé des médecins, des infirmières, de la puer etc. J'ai même gentiment refusé la séance photo car cela faisait seulement 5 minutes que j'étais posée.
J'ai refusé toutes les visites excepté la famille proche sauf que c'est tout de même de la visite et que j'étais exténuée, au bout du rouleau, au bord des larmes H24.
Je n'avais qu'une envie, prendre mes enfants et rentrer à la maison pour réellement me reposer et trouver mes marques avec nos petits bouts.
Vendredi matin, en sortant de la douche, je regarde ma poitrine dans la glace et là, c'est le drame ! J'ai cru m'être réveillée dans une clinique de chirurgie esthétique… La vue de cette poitrine énorme n'était pas en adéquation avec ce ventre qui diminuait de jour en jour et je ne prenais pas de plaisir avec la mise au sein. L'image et les idéaux que j'avais de l'allaitement étaient complètement le contraire de ce que je ressentais. Pourtant, j'étais incapable de dire "stop, je veux arrêter" car je savais que c'était le meilleur pour eux, car je sentais la pression de certaines personnes de la maternité, parce que j'avais peur de décevoir mon Homme…
C'est cette nuit-là, que nous avons eu à faire à la connasse du 3ème jour qui dormait alors que ça faisait 10 minutes que j'avais sonné pour avoir les biberons !! J'ai du me lever pour aller la voir !!!
Heureusement, l'équipe du week-end était top. Elles ont su me redonner confiance, ont pris beaucoup de leur temps pour venir discuter avec moi, m'ont gardé les enfants 2 heures le temps d'une sieste où malheureusement, le téléphone n'a pas arrêté de sonner. Elles ont su m'écouter et me passer des mouchoirs aussi… beaucoup de mouchoirs !
J'avais passé une grossesse de rêve, mais un accouchement plus que difficile. Enceinte, je me sentais épanouie, au top de ma féminité et là, je me retrouvais courbée par les douleurs, vide et me sentais si moche alors qu'en tant que maman j'étais comblée…
Le jour de ma sortie, le dimanche, j'ai donné des biberons en regardant mes enfants le sourire aux lèvres, je me suis douchée, ai trouvé l'envie de me maquiller et suis allée faire le bain des bébés toute seule, sans l'aide de personne. Mon Homme était fier de moi !
J'ai été suivie 3 jours en HAD par la même SF qui venait me faire les monitos à la maison. A sa 1ère visite, j'ai fondu en larmes… je tirais toujours mon lait et elle a bien senti que cela me pesait énormément. Elle m'a dit qu'elle pouvait me prescrire ce qu'il fallait pour soulager ma poitrine mais qu'en attendant je devais tirer le moins possible.
J'ai pleuré toute la journée et ma Moitié a dit "stop". Finalement, avec le recul, je crois que j'avais tellement peur de le décevoir que j'étais incapable de prendre la décision. Tous les jours, il me disait que c'était moi qui voyais, que je faisais comme j'en avais envie alors que je souhaitais une décision commune. Bref, finalement, nous sommes tombés d'accord et c'est le principal.
La SF est revenue le lendemain, m'a donné ce qu'il fallait et les larmes ont cessé de couler. Je me sens beaucoup plus épanouie dans mon rôle de maman en donnant des biberons de LA yeux dans les yeux avec mes garçons qu'en faisant la grimace à cause des crevasses ou en me sentant telle une vache laitière avec le tire-lait.
J'avais rêvé d'un accouchement avec le papa à mes côtés, des bébés posés sur ma poitrine, de tétées de bienvenue… J'ai vécu la césarienne et l'arrêt de l'allaitement comme des échecs mais aujourd'hui, je pense que j'ai réussi à en faire le deuil… Enfin, je crois !
Depuis, nous sommes relativement bien installés malgré notre F2 et bien organisés je trouve ! A midi, les petits avaient bu, la machine à laver étendue, le lave vaisselle vidé, les biberons nettoyés, nous avions pris le petit-déjeuner et j'étais même déjà douchée !
La cicatrice me tiraille, j'ai mal aux genoux, ai des hémorroïdes, perds toujours un peu de sang mais au niveau du moral, j'ai sorti la tête de l'eau !
Il me reste 7kg à perdre, aucune vergeture et mon tatouage sur le ventre a retrouvé sa taille initiale !
Le 26 septembre, jour de ma DPA, nous avons été chez le pédiatre. M@rcus pesait 3,380kg pour 50cm et P@co 3,020 pour 49cm. Ils poussent très bien et prennent des biberons qui parfois m'effraient un peu mais bon… à chaque fois que je pose la même question à un médecin, à savoir, "entre 120 et 150ml ça fait beaucoup non ?", on me répond : "non, et alors ? Ils prennent ce qu'ils veulent". Mais nous, on hallucine !!
Ils sont trop choux… font quelques crises la nuit, enfin, surtout M@rcus mais bon… Ils sont à 6 biberons par jour à +/- 1h ça donne : 00h00 – 4h00 – 8h00 – 12h00 – 16h00 – 20h00. Ils sont synchro à 30 minutes près !
Nous ne sommes pas très bien calés pour les bains encore, ça nous gonfle de les réveiller et une fois réveillés pour le biberon, et bien, ce n'est plus l'heure du bain mais du biberon !!
Ils commencent à sourire en nous regardant, on craque complètement.
Je retourne voir le gynéco le 17 octobre et nous avons pris rendez-vous avec celle qui nous a toujours appris de mauvaises nouvelles mais aujourd'hui, c'est avant tout la personne qui a fait naitre nos bébés ! Elle a fait un super boulot et ma cicatrice est très belle.
Ces 5 jours qui ont précédé l'accouchement resteront gravés à jamais tant ils ont été éprouvants mais le 10 septembre 2013 restera le plus beau jour de notre vie.
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J'ai perdu combien de lectrices en cours de route ?