Coucou Mesoke....
J'ai lu et relu les infos sur ton papa... et à chaque fois, ça me retourne..... comment dire.... ce que tu décris sur ton papa, c'est exactement ce qu'il se passe avec le mien depuis quelques années.. (la mémoire, les chutes, le déni de la situation aussi...)
Que te donner comme conseils ? J'ai tout essayé pendant des années avec mon père : lui faire tenter d'aller voir un médecin, lui suggérer la possibilité que ce ne soit rien de grave (genre, juste un pb de bouchon d'oreille qui provoquerait des pertes d'équilibres)... rien n'y a fait !! Il se mettait à chaque fois dans une rage noire, en nous accusant d'inventer tout ça, qu'il allait très bien !!
Avec mes frères et soeurs, nous avons fait un courrier à son médecin traitant, lui expliquant la situation, et lui demandant de faire un check-up complet à mon père : il a dit que si la demande ne venait pas de lui, il ne pourrait rien faire. Soi-disant qu'à chaque fois qu'il le voyait, le médecin disait à mon père que tout allait bien !!
Cette situation, sans mentir, à duré pendant presque 5 années... c'est terriblement long... La situation était surtout celle-ci : compréhension erronée des choses, équilibre très précaire (quand il marchait, on avait l'impression qu'il était ivre), tics nerveux sans arrêts, colères terribles et incontrôlables (imagine un monsieur de 70 ans se rouler en boule par terre en hurlant comme un enfant de 2 ans), et de petites pertes de mémoire, qu'il ne réalisait pas vraiment (il prétextait toujours qu'on avait fait exprès de ne pas lui dire les choses)
Un jour, il a eu l'opportunité de participer à nouveau à un spectacle théâtral. Il a accepté avec plaisir mais aussi un peu d'appréhension... et si au début, il arrivait à retenir les 2 phrases qu'il devait dire, au bout de quelques représentations, il n'y arrivait plus, et un jour, il s'est mis en colère, devant tout le monde. Là, il a réalisé. Il m'a dit : "je n'arrivais pas à me contrôler. Et puis, cette mémoire !!" C'était après la naissance des puces, en 2007.
Il a finalement décidé d'en parler à son médecin traitant qui lui a fait passer un scanner cérébral, et l'a envoyé chez un neurologue.
Depuis, il a un traitement qui le calme, mais ça n'arrange pas sa mémoire. Pour lui, il le prend pour sa mémoire, et seulement ça. Il n'a plus ces tics nerveux, ni ces accès de colères incontrôlables, par contre, il peut rester affalé dans le canapé toute la journée sans même s'en rendre compte. Il n'a plus d'envie, de rien du tout. Je pense qu'il déprime aussi, mais ça, il est inimaginable qu'il l'admette et aille voir un psy pour l'aider...
Bref !! Tout ça ne doit certainement pas te rassurer ma pauvre, mais que te dire ? Nos papas sont tout de même différents... le mien a préférer fuir les difficultés toute sa vie, plutôt que de les affronter... et là, il continue. Il ne se bat pas pour aller mieux... en tous cas, il ne l'a pas fait quand il était encore temps de le faire. Maintenant, sans doute qu'il est trop tard... Il aura bientôt 79 ans, et... 4 années de traitement ont juste permis à la dégénérescence de se ralentir un peu....
Ton papa à toi, il semble plus volontaire, plus disposé à se battre quand ça va mal.... même si les médecins et lui, ça fait 2... (le mien y allait chaque automne car il a peur de la grippe...
) N'y a-t'il pas un truc, une activité, quelque chose qu'il pourrait risquer de perdre, et qui pourrait le motiver à se faire soigner ?
En tous cas, ça me semble bien d'attendre qu'ils soient rentrés sur le continent pour le voir.. seule ou en famille... peut-être que voir ses petits-enfants et se rendre compte qu'il ne peut plus profiter d'eux, serait un déclic ?
Quand à ta maman, elle a besoin qu'il se soigne, pour pouvoir être comprise. Je l'ai bien vue pour ma mère. Quand mon père a eu son statut officiel de "malade", elle a pu en parler plus librement, et surtout, être mieux écoutée par les autres médecins, psy et amis. Elle n'avait plus le statut de " la méchante qui invente une maladie à son mari".... En tous cas, je comprends son désarroi, et... ses appels à l'aide. (même si, en tant qu'enfant, c'est plutôt difficile à vivre, et à accepter. Avec nos enfants si jeunes, nous sommes dans la vie, la jeunesse, et affronter, voire assumer le déclin de son père, c'est difficile...)
Voilà....
En tous cas, sache que je pense bien à toi, et je te bisouille fort !!