Voilà, à part ça, il y a 1 an jour pour jour, le 26 avril 2011...
7h: je me réveille plus en forme que la veille, je me dis que les résultats seront meilleurs et qu'on ne déclenchera donc pas mon accouchement aujourd'hui. J'ai le moral.
13h: l'obstétricien arrive avec les résultats, ils sont cata. Ca devient très risqué de poursuivre la grossesse, je dois accoucher aujourd'hui et dois être en salle de travail 30 minutes plus tard. Méga baffe. Mais on me rassure: 34SA, mes filles seront autonomes au niveau respi, elles auront juste besoin d'apprendre à téter et prendre du poids. J'appelle Julien au boulot pour qu'il vienne au plus vite.
13h30: pose de la perf d'ocytocine pour déclencher les contractions. Julien est à mes côtés et fait le pitre avec tous les instruments dans la salle, façon Mister Bean. Je ris entre 2 contractions, j'ai toujours le moral, suis en forme, n'ai pas peur... Le pédiatre de néonat' vient nous expliquer ce qu'il va se passer pour nos filles dans un premier temps, mais j'écoute à peine: je suis sur un nuage, je vais enfin découvrir la bouille de mes filles, et c'est ce qui compte le plus. Julien aperçoit dans la salle adjacente 2 petits berceaux et 2 petits bracelets roses aux noms de mes filles. Je verse une larme d'émotion: ça y est, c'est pour de vrai, nos filles vont vraiment arriver, elles commencent déjà à exister au dehors!
Le travail dure presque 12h, mais se passe très bien. Je ne souffre pas trop et continue de rire aux conneries de Julien.
1h du mat': on me déplace en bloc opératoire, pour pouvoir faire une césa en urgence au cas où. Julien ne peut pas être présent dans la salle, qui est déjà surpeuplée (environ 15 personnes). Le produit de la péridurale me fait vomir, ma tension bat des records malgré la perfusion de Lox*n, les médecins me diront plus tard qu'ils ont été à 2 doigts de me faire une césa en urgence pour ne pas risquer l'éclampsie. Mais je suis costaud.

Je suis dans un état second et m'apprête à vivre le moment le plus fort de toute ma vie. C'est bizarre, mais j'ai une pensée pour toutes les femmes du monde et de tous les temps, qui passent ou sont passées par là avant moi. J'aperçois Julien 4m plus loin, dans l'entrebaillement de la porte, qui me soutient avec son sourire et son regard, à défaut de me tenir la main. Je le sens à la fois impatient et inquiet.
1h15: Léonie naît par VB, avec un peu d'aide de spatules pour la remettre dans l'axe. Je me souviens encore la voir sortir de mon ventre, les 4 fers en l'air, toute violette et si petite... On me la pose qqs instants sur la poitrine avant de l'emmener dans la pièce à côté faire les examens nécessaires. Julien est avec le pédiatre et rencontre sa première fille.
1h23: Mathilde naît par VB mais par extraction. Elle était encore très haute dans mon ventre, mon utérus était flagada d'avoir contracté pendant 12h et mon placenta ayant été un peu arraché par la sortie de Léonie, je commence à faire hémorragie. Le temps est compté, c'est l'extraction par les pieds ou la césa. Je suis franchement dans le gaz, entre ma tension sur le point d'exploser et mes 2L de sang perdus, je ne suis plus tout à fait là. Les médecins emportent Mathilde vers le pédiatre sans même me la montrer, sa naissance a été plus sportive. Après avoir fait les examens, Julien demande au pédiatre qu'on me ramène Mathilde. On me la pose toute emmaillotée sur la poitrine, je me souviens juste d'avoir croisé son regard et m'être dit qu'elle avait de belles petites joues rondes.
Pour le reste, c'est très nébuleux. On me fait une RU, les médecins arrachent mon placenta à la main et m'appuient sur le ventre pour tenter d'arrêter l'hémorragie. Je les entends compter 1L... 1,5L... 2L... au fur et à mesure que je me sens défaillir. Je n'ai plus de péridurale (débranchée depuis la sortie de salle de travail) et souffre le martyre. Je ne comprends rien à ce qu'il se passe, la porte où était Julien qui me soutenait depuis le début est fermée, mes filles ne sont pas là, et je me sens partir dans le coltar. On me recoud et me ramène en salle de travail pour surveillance toute la nuit.
2h30: Je suis secouée de tremblements incontrôlables, malgré la chaleur ambiante et les 4 couvertures. Impossible de dormir car le tensiomètre me prend la tension automatiquement toutes les 10 minutes, le lit de salle de travail est dur comme du bois et une SF vient m'appuyer sur le ventre toutes les 30 minutes pour continuer de faire sortir les caillots. J'ai envie de la giffler tellement je souffre.
Julien revient vers moi, il rentre de néonat. Je suis soulagée de voir enfin un visage aimé, mais suis tellement dans le gaz et dans la douleur que lorsqu'il veut me montrer les premières photos de nos filles, je détourne les yeux.
9h: je n'ai pas dormi de la nuit. Je meurs de faim et j'ai envie d'un Big M@c. On me ramène enfin dans ma chambre, où je peux enfin m'assoupir qqs instants sur un vrai lit. Ô joie.
11h: j'émerge et me souviens que j'ai accouché. Je veux voir mes filles. Julien me prévient: elles sont sondées pour l'alimentation, elles sont scopées et sont toutes petites.
11h10: j'arrive en néonat' en fauteuil roulant poussé par Julien. Mes filles sont là, je verse une larme d'émotion, mais surtout de douleur à ce moment-là. Elles sont si petites... Elles n'ont pas encore de cils, leur iris est noir, leur peau frippée... Ce n'est que lorsque je pourrai les porter en peau à peau le lendemain, puis que je les verrai réunies dans le même berceau 4 jours plus tard que je verserai des larmes de bonheur.
S'ensuivent 3 semaines de néonat', durant lesquels mes filles apprendront à téter et à prendre du poids. Des moments à la fois heureux mais surtout douloureux.
Le vrai plus beau jour de ma vie n'a pas été leur naissance. Le plus beau jour est celui où on a ramené nos filles à la maison, où je suis sortie radieuse, le sourire jusqu'aux oreilles, un cosy sous chaque bras. Nous étions enfin une famille. Plus besoin de l'approbation des puéricultrices pour faire telle ou telle choses avec nos filles, nous étions enfin leurs parents.
Voilà, désolée pour le pavé, sans doute trop long et peut-être un peu trop cru, mais j'avais besoin de boucler la boucle en vous racontant tout ça.
Je pense que bon nombre d'entre vous se reconnaîtront dans ce récit!

Allez, je dois vraiment filer cette fois.
Je ne repasse pas avant la semaine prochaine, alors bon week-end!
