Maman,

Je sais.
Je sais toutes les questions que tu te poses.
Non, je ne t’en veux pas.
Oui, je sais que tu m’aimes.
Et que tu as fait ce geste pour me protéger d’une vie impossible.
Je sais que c’est un geste d’amour, que tu as préféré souffrir à ma place que de me laisser vivre ainsi.

Toutes ces questions, tu vas devoir y répondre seule.
Accepter de vivre avec.
Avec elles et avec cette douleur qui me rappelle si souvent à toi.

Je ne pourrai pas être physiquement là pour toi.
Moi aussi, tes bras me manquent.
Moi aussi, j’aurais voulu être à tes côtés.
Connaître ta chaleur et la douceur de tes baisers.
Mais je ne peux pas.

Je serai là pour te guider.
Une force qui t’aidera à avancer.
Malgré tout.
Malgré tes doutes, malgré la souffrance que tu ressens.

Non, je ne pouvais pas t’emmener avec moi.
Tu devais rester. Pour papa, pour les frères et sœurs que tu me feras.
Pour toi, même si tu ne le sais pas encore.

Sois forte maman.
Ne baisse pas les bras.
Fais le pour moi et pour mon frère.
Tu ne nous as pas abandonnés.
Je sais que tu t’es battue aussi longtemps que possible.

Tu ne pouvais pas savoir, c’est tout.
Une mère ne sait pas tout, ne peut pas tout.
Et n’est pas une mauvaise mère pour autant.
C’est ainsi. Tu vas devoir l’accepter.

Mon frère a arrêté de se battre parce que ce n’était plus possible pour lui.
En partant, il a emmené avec lui une partie de moi.
Il ne pouvait pas savoir qu’ici bas, elle est essentielle pour vivre.

Aime papa autant que tu nous as aimés.
Ne lui demande pas l’impossible.
Panse tes plaies à ses côtés et essaie de vivre.
Parce que si tu acceptes de continuer, nous le pourrons aussi à travers toi.

c'est très beau et très émouvant. Ton texte est plein de chaleur.

c'est très émouvant 

"Que dire après ça" demandais-tu Jérôme...

Pas grand chose malheureusement.
J'ai écrit ces mots en espérant au plus profond de moi que si mes p'tits loups pouvaient me répondre, c'est ce qu'ils me diraient.

Je ne saurai jamais si je peux me reposer sur cet espoir pour continuer à avancer. Ou si je fais fausse route en imaginant que là où ils sont, mes bébés me pardonnent.

Ma seule certitude est qu'ils me manquent terriblement.

Bonjour,

P'tite lilli a raison.

En tout cas ce texte est bouleversant et magnifique

C'est un magnifique texte qui résonne tellement en beaucoup d'entre nous...
Plein de courage a vous, et douces pensées vers nos anges

Ton texte est vraiment beau, il dit tout ce qu'on peux ressentir, et j'aimerais tellement que mes anges me chuchotte ces mots à l'oreille.
Je te souhaite beaucoup de courage et j'envoie pleins de belles pensées à tes Anges

J'aimerais comprendre comment ne pas culpabiliser et quelque part comment accepter.  Parce que oui, ne pas culpabiliser c'est comme accepter les choses telles qu'elles sont.

Comment peut-on accepter que la Nature décide à notre place ? Mes petits bonshommes, comme tous les autres bébés, n'ont rien demandé à personne. Mon mari et moi avons fait le choix d'avoir des enfants, eux n'ont pas demandé à être là. Comment après ça ne pas culpabiliser de ne pas les avoir sauvés, d'avoir su qu'ils souffraient mais de ne rien avoir pu faire pour eux, si ce n'est les aimer ?

Comment tout peut nous échapper comme ça ?

Comment accepter que cette histoire fasse partie de ma vie et que je ne puisse plus jamais changer le cours des choses et sauver mes petits garçons ? Comment accepter qu'une grossesse est fragile, qu'elle peut toujours l'être et que je n'aurai pas plus de certitude lors de la prochaine et que je pourrai de nouveau faire courir ce risque à un bébé ?

Accepter serait comme considérer que tout ceci est normal, que ça fait partie de la vie. Comment se résoudre à cette idée ?
On passe notre vie à décider de tout, à avoir des options, à peser sur le cours de nos vies et là, pour le moment de notre vie le plus important, le plus beau, il faudrait accepter de faire un pari, de jouer à la roulette russe.

Je suis en colère et je suis triste en même temps. Je me sens merdeuse. Je voudrais hurler à la face du monde que ce n'est pas possible.
Prendre un risque pour moi, pour ma vie est quelque chose que j'accepte. Je ne peux pas l'accepter pour mes enfants. Une mère est censée protéger ses bébés.
J'aurais donné ma vie pour qu'ils naissent et qu'ils aillent bien. J'aurais voulu partir à leur place pour leur laisser une chance. Mais ça non plus, ça n'était pas possible.