Je ne peux que pleurer en lisant vos échanges... C'est tellement dur de lire tout cela.
Je ne pensais venir sur ce lieu du forum qu'en invitée, mais m'y voilà à présent membre, après une FC à 3 mois de grossesse. Je sais que ma souffrance n'est rien par rapport à ce que vous avez vécu, parce que j'ai des jumelles de 3 ans en pleine forme, mais il n'empêche que nous partageons cette petite chose invisible dont tout le monde a tant de mal à parler. Cette tristesse quotidienne que nous gardons dans un petit coin de jardin secret. Parce que pour tout le monde autour de nous, et parfois même nos conjoints, la vie continue. Je vis la plupart du temps, et puis quand je ferme la porte et que mes enfants et mon mari partent, je passe parfois mes journées entières à pleurer.
Je ne pense pas que le temps ni les nouvelles grossesses puissent "guérir" de telles souffrances, mais d'une certaine manière on apprend à vivre avec tant bien que mal, quand on a des enfants on est "obligés" de vivre, de nous battre pour eux.
Franck, effectivement, trois ans, ce n'est rien. On ne mesure pas sa souffrance en années qui passent, et surtout pas quand on perd un enfant, car je pense que c'est la chose la plus atroce qui puisse arriver à une personne. Je n'ai pas d'expérience en ce domaine, mais pour avoir vécu quelques petits et grands malheurs, je sais que le temps finit quand même par faire un petit travail, quand on ne s'en rend pas compte. On ne se remet jamais vraiment, mais un jour on se rend compte qu'on n'y a pas pensé toute la journée, qu'on n'a pas pleuré. Je comprends aussi la culpabilité que l'on peut éprouver par rapport à l'enfant qui reste, cela doit être très dur de vivre autant de tristesse quand on est censé vivre la plus grande joie de sa vie.
Mes filles savaient pour ma grossesse, malheureusement on leur en avait parlé car elle était très visible et qu'on ne voulait pas leur mentir. Je n'oublierai jamais le visage de Lily qui s'est décomposé quand on lui a dit que le bébé était "parti", elle s'est allongée sous une table et est restée là à pleurer en silence, puis elle a voulu me frapper, car elle pensait que c'était de ma faute... Maintenant elles ont oublié car elles sont petites mais je sais que je leur parlerai un jour, quand elles seront prête, car elles ont vécu ces moments-là avec nous aussi, quand on était très heureux d'attendre cet enfant. Quand je les vois comme des folles s'affairer autour d'un bébé, cela me rend si triste. Et je ne suis pas dupe, cela doit transparaître quelque part dans notre relation que je suis triste, que je manque de patience, que j'en veux à la terre entière. Mais c'est comme ça.

Je vous souhaite d'avancer dans la vie en vous libérant un peu chaque jour de cette tristesse, qu'elle ne finisse par ne plus vous définir mais à vous appartenir, de manière plus sereine. Cela prend beaucoup beaucoup de temps, mais il ne faut pas croire que vous serez triste comme cela toute votre vie, il y aura des hauts et des bas, et les progrès se ferons sans que vous ne vous en soyez rendu compte... Que 2013 soit une année plus douce pour tous en tout cas, et j'espère ne pas avoir été maladroite dans mes paroles.

Tu as raison Franck, il n'y a pas de petites ou grandes douleurs, la perte d'un enfant que l'on attendait est atroce pour les parents. Dès l'instant où l'on sait qu'un petit être pousse, on se projette, on imagine tellement de choses avec cet enfant, je n'ai pas plus ou moins pleuré lorsque j'ai perdu mes enfants! J'ai pleuré et je suis comme Mafalda, lorsque la porte se ferme et que tout le monde est parti, il m'arrive souvent de pleurer, j'aime mes enfants, et comme les gens se plaisent à me le répéter, "j'ai la chance d'en avoir" , 2 en plus !
Cela ne soulage pas ma peine pour autant ! J'ai lu ton histoire Mafalda et cela m'a beaucoup ému car je me suis reconnue sur beaucoup de points . Mon grand aussi savait dès que j'étais enceinte, étant donné mes antécédents, il m'était impératif de rester allongée, donc j'étais bien obligée de lui dire et je me rappelle aussi très bien son visage, lorsqu'à 2 ans et demi, il a fallu le conduire d'urgence chez les voisins car je faisais une hémorragie en perdant ma fille, je me souviens de ce moment où nous n'avons pas fêté mon anniversaire car je perdais encore un bébé, je me souviens de cette nuit où je l'ai reveillé à 3 heures du matin car je venais de perdre son petit frère, il a fallu partir à l'hopital avec mon "grand", penser à lui prendre un biberon, des gateaux, des affaires pour l'occuper et son petit frère que j'avais enveloppé dans une couverture. Je me souviens du pédopsychiatre qui m'a dit que si mon fils régressait au niveau de la propreté c'était parce que j'avais perdu tout ces bébés .....Je l'aurais volontiers étranglé !
 je me souviens de tout, comme si c'était hier, et malheureusement, personne n'a pu m'aider, j'ai "rangé" tout cela dans un coin de ma mémoire et de mon coeur, et je m'accorde le droit d'être triste et de pleurer lorsque je suis seule! Comme je le disais à Franck, cela fait 12 ans pour ma fille et souvent je me prends à me demander comment elle serait maintenant, mais j'avance en me disant que mes enfants en vie sont heureux, je les pourrie un peu trop comme dirait leur père! Mon grand a surmonté tout cela, c'est devenu un jeune homme de presque 15 ans, très proche de sa maman parce que nous parlons beaucoup tout les 2. Quant au petit, je pense qu'il me mènera par le bout du nez, au grand désespoir de son papa   
Lui aussi a du se battre pour être là, mais il est plein de vie, il rit et parle fort, nul ne peut ignorer qu'il est là ... et j'aime le regarder jouer avec son grand frère, mais encore une fois, il m'arrive souvent de me demander comment cela se serait passer avec sa soeur ....
on a le droit d'être triste et de pleurer, cela ne nous empêche pas d'avancer, au contraire, je pense, cela nous permet d'apprécier tous les petits moments de la vie ... même si quelque part, on sait qu'il nous manque "un morceau" de nous!

Salut, Franck, ça fait un bail que je n'étais venu ici....3 ans oui comme tu dis, ça passe vite.
il fa

Bonsoir, moi qui pensais ne jamais revenir sur ce forum, voilà que je me surprends à y être à des heures pas possible....

Que te dire à part que j'imagine ce que tu ressens, de notre côté aussi cela fait 3 ans pour Lucas, et je suis d'accord sur le fait que le temps n'arrange pas les choses.

 Pour mon vécu, j'aimerais pouvoir aller de l'avant, me concentrer sur l'évolution de mes garçons et continuer à garder Lucas dans mon coeur, mais je pense que la tache m'est inaccessible, il n'y a pas un jour où je m'efforce de ne pas l'oublier, de lui dire bonjour le matin et bonne nuit le soir, pas un jour où je ne m'en veux pas de ne pas avoir penser à lui de la journée. Ce sentiment d'entre deux est horrible au quotidien, et parfois invivable, j'ai voulu mourir quand j'ai oublié la date de son décès, sachant que d'autre y avait penser avant moi, Noël, anniversaire et autres fêtes sont douloureuses quand il nous manque quelqu'un. La psychologue et l'éducatrice nous ont conseillé de parler de Lucas à Théo, mais comment lui expliquer ce qu'il s'est passé, qui il était et où il est si on pas les réponses à ses propres questions.

 Mais tout n'est pas que négatif, il y a du positif: l'évolution des enfants, la rentrée, le langage etc.... Les petits bonheurs de la vie quotidienne qui font apprécier la vie, certes sa n'atténuera jamais la douleur au fond de notre coeur, mais ces moments là valent la peine d'être vécus et ce sont eux qui nous font avancer dans la vie.

 Rien ni personne ne pourra apaiser ce que tu ressens, si j'avais un conseil à donner c'est " ne laisse personne mettre de mot négatif sur ton enfant (deuil, épreuve, oublie, ....) mais donne lui tout ce que tu as de positif en toi (joie, amour, bienveillance, ....) continue d'avancer dans ta vie car il n'est pas derrière toi ni même devant toi, mais présent avec toi dans ton coeur"

 En tout cas je vous souhaite sincèrement plein de bonnes choses pour l'avenir, et que ta famille puisse trouver sa voie vers le bonheur.

Cordialement,

Jérémy

Bonjour Jérome,

Content d'avoir de tes nouvelles et de voir que tout se passe pas trop mal pour vous. J'ai pas mal pensé a vous ces derniers temps.