Une grossesse multiple n'est pas une grossesse ordinaire. Elle nécessite un suivi particulier, établi à partir d'un diagnostic précis.
J'ai essayé de regrouper ici les informations utiles et indispensables pour aider les futures mamans à bien comprendre leur grossesse, à mieux la vivre. Ces informations sont issues des discussions
ici et
là.
Sur ce forum, nous oeuvrons pour une prise en charge correcte des futures mamans. Nous rencontrons encore de nos jours trop d'erreurs (une pensée particulière pour toutes celles qui mènent ou ont mené un dur combat contre le STT).
En 2009,
le comité scientifique de la Fédération travaille de concert avec la Haute Autorité de Santé à l'élaboration de
Recommandations pour la pratique clinique ~ Les grossesses gémellaires.
Bonne lecture et n'oubliez pas les maitres mots du forum:
REPOS ET ZÉNITUDE Les différents types de grossesses gémellairesPar Bambinette le 09/10/07
Il existe plusieurs types de grossesses gémellaires :
-
monochoriale - monoamniotique : un seul placenta - une seule poche
-
monochoriale - biamniotique : un seul placenta - deux poches
voir STT-
bichoriale - biamniotique : deux placentas - donc forcément deux poches (!)
Expliqué en images Au delà de 2 bébés:
monochoriale - triamniotique: 1 placenta et 3 poches
voir STTbichoriale - biamniotique : 2 placentas et 2 poches. Dans cette configuration, un bébé possède ses propres annexes (placenta et poche), les 2 autres bébés se partagent un placenta et sont dans la même poche.
bichoriale - triamniotique: 2 placentas et 3 poches. Dans cette configuration, un bébé possède ses propres annexes (placenta et poche), les 2 autres bébés se partagent un placenta et ont chacun leur poche.
voir STTtrichoriale - triamniotique: 3 placentas et 3 poches.
On peut décliner de la même façon jusqu'à (presque
) l'infini.
Le processus peut avoir deux origines :
- fécondation de deux ovules par deux spermatozoïdes : il s'agit forcément d'une grossesse bichoriale, et les jumeaux sont dits alors "dizygotes" (issus de deux oeufs), soit, dans le langage courant "faux jumeaux"
- fécondation d'un seul ovule par un spermatozoïde qui se scinde ensuite : les jumeaux sont dits alors "monozygotes" (issus d'un seul oeuf), soit, dans le langage courant "vrais jumeaux"
- si la scission intervient dans les 2 jours qui suivent la fécondation, il y a deux placentas (et donc deux poches)
- si la scission intervient entre le 3ème et le 7ème jour, il y a un seul placenta et deux poches
- si la scission intervient à partir du 8ème jour, il y a un seul placenta et une seule poche
Autrement dit, dans le cas d'une grossesse bichoriale, on ne peut pas savoir s'il s'agit de monozygotes ou de dizygotes; les moyens pour le savoir :
- s'il s'agit d'un garçon et d'une fille : il s'agit forcément de dizygotes, puisque des monozygotes ont le même patrimoine génétique (même ovule même spermatozoïde) et sont donc forcément du même sexe
- s'ils sont de même sexe, mais que l'un(e) est blond(e) et l'autre brun(e) : ce sont des dizygotes aussi, même histoire de patrimoine génétique
- s'ils se ressemblent beaucoup, le doute persiste; il faut une recherche plus poussée pour le savoir.
Dans le cas d'une FIV, même si deux embryons ont été implantés, on peut penser à tort qu'il s'agira forcément de dizygotes.
Pourtant, il arrive qu'un des deux embryons implantés ne "tienne" pas, et que celui qui se développe se scinde en deux. On se retrouve avec des jumeaux monozygotes. Il y a 10 fois plus de jumeaux monozygotes suite à une FIV que par grossesse spontanée.
Le diagnostic de chorionicité et le suivi de grossesseLe signe du lambda est évoqué dans les comptes rendus d'échographie. Il est spécifique aux grossesses bichoriales (et donc biamniotiques). Les deux sacs gestationnels sont séparés par une épaisse cloison. C'est l'insertion large des membranes qui forment le signe du lambda. Il doit son nom à la lettre grecque (majuscule Λ, minuscule λ) qui ressemble vaguement à un Y inversé ou un triangle.
Par Sabine Herbener, membre du comité scientifique de la Fédération, le 10/10/07
Quand on lit le compte rendu de l'écho de 12 S.A. ( ou celle qui s'en rapproche le plus!):
Si le terme "monochorial" est présent dans le descriptif placentaire de votre grossesse (et pas dans une éventuelle partie explicative complémentaire du document), le suivi doit être tous les 14 jours. Dans les biamniotiques, parce qu'il y a une pathologie rare (15 % de ces grossesses) qui doit être dépistée. Dans les monoamniotiques, parce que c'est très très rare (environ 1 % de tous les monozygotes) et quelque peu spécial aussi.
Si le placenta est bichorial, le rythme de 1 échographie toutes les 4 semaines est bon.L'accolement des membranes ou placentas ("soudure" pour les uns; pour d'autres, c'est fusion; et d'autres encore réunion,...): à 12 S.A., elle n'a pas encore eu lieu, et c'est à ce moment-là que l'on voit le mieux sur l'échographie, les détails qui permettent le bon diagnostic. De chorionicité. C'est le terme scientifique.
C'est important à connaître, car le suivi de grossesse en dépend.Dans ce Forum "Grossesse", on est "accro" à cet élément. On a le souhait que cela figure dans tous les comptes-rendus de 12 S.A., pour les gémellaires. C'est le détail, mais important.
Les grossesses monochoriales biamniotiques et le Syndrome Transfuseur Transfusé=> Par Le Professeur Y Ville,
dossier de la FédérationQu'est ce qu'un STT ? Les deux foetus partageant le même placenta, il y a ce qu'on appelle des anastomoses (on pourrait décrire cela comme un pont, une liaison, une communication) entre les circulations sanguines des deux bébés : des anastomoses superficielles (entre les deux cordons) et des anastomoses plus profondes entre une artère d'un jumeau sur une veine de son co-jumeau, il peut y avoir 1, 2 ou 20, 30, 50 anastomoses ; c'est totalement aléatoire. En fonction du type de vaisseaux impliqués, le sang allant toujours des artères vers les veines et comme la répartition de ces «ponts» se fait totalement au hasard il peut y avoir des anastomoses dans l'autre sens et donc équilibre ou presque des échanges sanguins ; les deux foetus ne développent pas de STT. C'est dans le cas où il y a déséquilibre dans ces échanges (plus dans un sens que dans un autre) que les jumeaux vont être «à risque» de développer un syndrome transfuseur transfusé.
=> Le STT peut concerner tout type de grossesses, y compris triple, quadruple et plus, dès que l'on retrouve le schéma: des bébés chacun dans leur poche se partageant un seul placenta (monochoriale, bi ou tri ou ... amniotique).
=> Par Sabine Herbener, membre du comité scientifique de la Fédération, le 09/10/07
Il n'y pas de S.T.T. dans les monoamniotiques, parce que cette pathologie est due à un "hémodynamisme déséquilibré".
J'explique:
1) Dans le placenta monochoral biamniotique, le sang circule en principe de manière plus ou moins uniforme partout, par le biais de vaisseaux sanguins qui ont des tailles identiques et qui se répartissent équitablement entre les 2 foetus. Chacun ayant une belle moitié de placenta à sa disposition. C'est l'hémodynamisme équilibré. Grossesse monochoriale sans signes de S.T.T.
2) Placenta monochorial biamniotique, avec des vaisseaux de tailles diverses, plus ou moins profonds, qui vont dans tous les sens, et qui sont répartis aussi sur et dans tout le placenta: grossesse monchoriale sans signe de S.T.T. hémodynamisme équilibré
3) Placenta monochorial biamniotique, avec des vaisseaux qui vont avoir des tailles diverses, mais mal répartis sur/dans le placenta. Un foetus est alors plus alimenté que l'autre, il reçoit plus de sang. C'est déséquilibré. Le sang circule mais majoritairement dans un sens. C'est là que le S.T.T. pointe le bout de son nom. La pression sanguine est différente, ce qui entraine une différence de pression dans les autres fluides (plus de liquide amniotique, le foetus fait plus pipi et sa vessie grossit). Son jumeau a une pression plus faible (= il a moins de liquide amniotique et il produit moins d'urine, sa vessie diminue de taille,...). Les mouvements sanguins anormaux ont perturbé l'échange de liquide de tout le système, parce que la pression est différente d'un côté de l'autre, et que les 2 poches font office de limite d'espace/de barrière.
4) Placenta monochorial monoamniotique: il n'y pas de barrière/limitation d'espace pour que la différence de pression soit ressentie. Une seule poche implique que la pression est identique pour les 2 foetus du point de vue du liquide amniotique, donc la pression sanguine s'en trouve aussi équilibrée. Pas d'effets de vases communicants, la pression des fluides ne pouvant pas être uniquement perturbée par un passage sanguin privilégié dans un sens sans contre-partie.
Donc: absence de S.T.T.
Un des foetus peut être plus petit (retard de croissance) pour d' autres raisons.
Des n?uds dans les cordons peuvent entrainer des difficultés cardiaques, qui se résorbent.
=> Pour poser vos question, discuter de vos craintes, de vos joies, de votre bataille contre le STT, venez participer à la discussion
ici. Les différents niveaux de maternitéPar Bambinette et Isazou, le 18/03/2009
Maternité de niveau I: concerne les bébés nés à terme.
Maternité où les femmes enceintes sans problème particulier accouchent et où les nouveau-nés reçoivent des soins néonataux simples.
Maternité de niveau II: présence sur le même lieu d'un service de pédiatrie pouvant prendre en charge des bébés nés à partir de 32 ou 34 SA (à voir auprès de la maternité si leur limite est 32 ou 34, il existe des sous-classifications du niveau II).
Maternité avec une structure de néonatalogie fonctionnant 24h/24, assurant la surveillance des soins spécialisés des nouveau-nés à risque et ceux dont l'état de santé se dégrade après la naissance (nés ou non dans l'établissement).
Maternité de niveau III-A: peut prendre en charge les bébés nés avant 34 SA.
Maternité avec une structure de néonatalogie et de réanimation néonatale assurant les soins spécialisés des nouveau-nés (nés ou non dans l'établissement) en détresse grave, avec risques vitaux nécessitant une réanimation.
Maternité de niveau III-BIdem que ci-dessus, avec en plus une structure de réanimation adulte pour accueillir les femmes en cas d'urgence.
En cas de problème lors de la grossesse avec risque d'accouchement dans une maternité de niveau trop faible, les médecins préfèrent maintenant transférer en maternité de niveau supérieur AVANT la naissance. Soit en déplaçant le suivi assez tôt, ce qui est raisonnable. Soit en transférant maman et bébés en urgence par le SMUR. (ce qui est angoissant +++++)
Questions diversesHérédité ? Pas hérédité ?Par Bambinette le 09/10/2007
- en cas de monozygotes, l'hérédité n'est pas impliquée, il s'agit d'une "fantaisie" de la nature. Les scientifiques ne savent pas expliquer ce phénomène ; Sabine disait dans un récent post qu'il pourrait s'agir d'une maturation plus importante de l'ovocyte.
- en cas de dizygotes, cela peut être héréditaire. Il s'agit d'une caractéristique de la femme à sur-ovuler, qui se transmet à ses enfants ; une femme qui sur-ovule transmet cette capacité à ses enfants, qu'ils soient garçon ou fille ; la fille pourra donc (ou pas !) sur-ovuler, et avoir à son tour des jumeaux dizygotes. Le garçon ne sur-ovule pas, mais reste porteur du gène "sur ovulation". Il peut ainsi le transmettre lui aussi à ses enfants, garçon ou fille. La légende "du saut une génération" vient de là : une femme a des jumeaux DZ, elle a un fils, qui lui a une fille, qui a des DZ ...
Toutefois, l'hérédité n'est pas seule en cause. Une femme peut sur-ovuler suite à un boum hormonal: arrêt d'un contraceptif, après une fausse couche, etc..
Quelle éducation ?Les discussions se déroulent par
ici.
Peut-on allaiter 2 (ou plus) bébés au sein, exclusivement ?C'est tout à fait possible. N'écoutez les mauvais conseilleurs. Venez plutôt lire de belles expériences et posez vos questions par
là. Références bibliographiquesLes dossiers de la FédérationLa revue du praticien, décembre 2006, numéro 56, monographie les jumeaux.
Les pages sont : 2239-2246. C'est à la page 2246 qu'il y a un encart intitulé "Pour la pratique", très très résumé. Yves Ville et Edwin Quarello sont les auteurs.
Le guide des jumeaux des éditions Odile Jacob. De Jean-Claude Pons, professeur de gynécologie et d'obstétrique à Grenoble, Christiane Charlemaine, psychologue et enseigne à l'Université de La Nouvelle-Orléans (Etats-Unis) et Emile Papiernik, professeur de gynécologie et d'obstétrique à la maternité Port-Royal à Paris (c'est l'un des grands spécialistes de la prématurité).