Grossesse écourtée
*les p'tites marmottes*:
Bonjour,
Cela fait quelques temps que j'avais envie d'écrire sur ce sujet et puis le message d'Isazou dans " l'humeur du jour " m'a montré que je n'étais sûrement pas la seule à en ressentir le besoin donc je lance ce fil ( décidément, en ce moment, le forum sert à exprimer ce qui nous travaille ! ).
Pour chacune de mes grossesses, j'ai accouché prématurément ( 35 SA pour mes 2 premières filles et 34 SA pour Eva et Amandine ). Sur le moment, je l'ai plutôt bien ressenti car on avait eu tellement peur que l'on était bien soulagés qu'elles naissent toutes à des termes comme cela et qu'elles aillent bien.
C'est maintenant que je ressens un peu un manque, la sensation de ne jamais avoir été capable d'aller jusqu'au bout...A chaque fois, j'ai été hospitalisée en urgence entre 5 et 6 mois de grossesse et j'ai du rester alitée jusqu'à mon accouchement donc cela me frustre de ne pas avoir pu mener une grossesse " normale " : se promener, montrer son gros bidon dont on est ( pour une fois ! ) si fière...Beaucoup de personnes m'ont dit après mes accouchements " on vous a à peine vue enceinte qu'on ne vous a plus vue " ou pire " ah bon, on ne savait pas que vous étiez enceinte ! ". Bon , ce sont des remarques sans importance mais cela frustre !
En +, mon dernier accouchement a été très rapide ( bon, je ne vais pas me plaindre non plus ) ; je ne pensais pas du tout accoucher ce jour là malgré le fait que j'étais en MAP car il n'y avait pas plus de signes que d'habitude et mon mari n'a même pas eu le temps d'arriver ( sur le coup, ce n'était pas le plus important mais maintenant, nous le regrettons tous les 2 ).
Et est-ce parce que je sais que je ne serai plus jamais enceinte ( on ne veut pas de 5ème, le 4ème ayant déjà été une surprise ) mais je regarde les femmes enceintes et épanouies presque avec envie ( suis-je normale ??? ). Pourtant j'ai déjà 4 enfants dont 2 bébés qui me comblent donc je ne suis pas en mal d'enfants !!!
Je sais bien que d'autres personnes sur le forum ont vécu ou vivent des moments bien plus difficiles et que j'ai de la chance car tout le monde va bien....En tout cas, merci d'avoir lu ce long message !
Et je ne sais pas si d'autre mamans d'enfants nés en avance ressentent ce même sentiment d'inachèvement, cette impression de ne pas avoir " tout" vécu, d'avoir " loupé quelque chose" ????
Jujus 2006:
En effet, je fais partis de ces mamans là.
J'ai déjà eu une grossesse difficile dès le début malade jusqu'au 3 mois de grossesse: vomissement tous les jours 24h/24 voir les apm toutes les 1/2h et perdu 4 kg, puis après ça a commencé à aller bien quand un jour j'ai ressenti quelque chose de pas normal et là je suis allé à la mat pour voir et là.....mon col s'est ouvert à 1 doigt 1/2 et obligé d'etre hospitalisé à 27S à 60 km de chez moi, donc là, la peur au ventre d'accoucher avant terme bien sur, stress et angoisse jusqu'au bout....puis césar programmé à 36S pour leur sécurité. Mais là bien sur ( je le savais pourtant ), je n'étais pas prete et cela a été très dur pour moi, mais je ne me plains pas j'ai eu 2 beaux bébés en parfaite santé, mais c'est un sentiment que je ne peux expliqué, mais la meme impression d'inachevement ( ça fait du bien de pouvoir en parler à quelqu'un qui ressent la meme chose ).
Pour moi ce seront les derniers aussi, alors j'en profite un maximum et quand je vois d'autres mamans enceintes ou avec des nouveaux nés, j'ai un pincement au coeur. Je ne sais pas non plus si je suis normal mais bon c'est comme ça en tout cas !
Merci pour le fil valérie, ça fait du bien de voir qu'on est pas seul ! ;) ;) ;)
Bambinette:
Je ne suis pas tout-à-fait dans le même cas, car j'ai accouché à 38SA, mais par contre, j'ai eu très vite un sentiment de "frustration" après l'accouchement.
Je ressentais déjà l'envie d'une autre grossesse, sachant que, un, mon homme ne voulait pas, que deux, je ne voyais pas refaire un (ou plusieurs) enfants en ayant eu les premiers à 39 ans, que trois, je trouvais déjà difficile de gérer des jumeaux.
Cette envie n'existe plus, je ne vois pas refaire un enfant.
Mais je me suis posée la question du "pourquoi" ; et je me demande si ce n'est pas juste cette difficulté à se "séparer" de ces petits.
Et c'est peut-être aussi ce que tu ressens.
On les a en nous, ils font partie de nous, on les sent bouger, ils sont reliés à notre propre corps, et à partir du moment où ils naissent, ils forment alors deux individus à part entière, à part de nous.
Bien sûr, après vient le rôle de maman, d'autres joies, etc... mais ce n'est plus le même rapport à nos enfants que pendant la grossesse.
Est-ce qu'il y a un peu de çà ?
VéroAM:
Je te comprends très bien Valérie: j'ai ressenti la même chose à la naissance de mes garçons. Hospitalisation à 30 SA pour accoucher en urgence à 32. Pas le temps de m'y préparer, pas de le temps de profiter de mon gros bidon. ça me fait d'ailleurs tout drôle de voir les bidons des futures mamans d'octobre. J'ai un espèce de sentiment bizarre en les voyant: un mélange d'un peu de jalousie et de beaucoup de regrets.
J'ai été très frustrée de cet accouchement prématuré et ce encore maintenant, même si j'ai eu la chance de vivre ensuite une autre grossesse (simple) qui est allée à terme.
A mon avis, ce n'est pas pour rien qu'une grossesse dure (en théorie) 9 mois: c'est vraiment pour avoir le temps de t'y préparer. Dans mon cas pour les jumeaux, tout est allé trop vite.
Et c'est vrai que ce n'est pas facile de faire non seulement le "deuil" de ta grossesse, mais aussi de la naissance (car souvent si les bébés arrivent trop tôt on ne peut s'en occuper comme on idéalisait de le faire).
enfin bref, tout ça pour dire que tu n'es pas seule à ressentir cela.
P'tite Lilli:
Je pense que dans toutes situations il faut faire le deuil de quelque chose. On envisage toujours de façon idyllique l'avenir alors, qu'on le sait bien, ce n'est jamais tout rose. A nous de ne garder en souvenir que ce que l'on souhaite, de trouver la force de "faire le tri".
Et quand il s'agit de "conception de vie", cela nous renvoie devant nos fantômes, remise en cause personnelle car il est difficile de la rejeter sur un tiers, serai-je une bonne mère, suis-je capable de çà, etc...
Mes frustrations sont d'avoir dû passer par la PMA. Jamais un retard de règles, jamais un espoir d'attendre encore 48H avant de faire un test. Tout planifier, clarifier, noir ou blanc jamais de demies teintes. Et idem pour les accouchements, si on ne les avait pas déclenchés, je crois qu'ils seraient encore tous les 3 dans mon ventre.
Où est le naturel dans tout cela ? Où est le schéma que je m'étais fait en rencontrant zhom ?
Est-ce une justice "de la nature" comme me l'a si bien dit une grand mère (en parlant d'une autre personne sans savoir que j'étais également concernée) ?
Suis-je une mauvaise mère parce que j'ai été incapable de les concevoir moi même ?
Zhom m'aime-t-il moins fort pour ne pas avoir transmis assez de fougue à ses spermatozoïdes ?
A quoi me suis-je exposée en acceptant ces traitements ? Si je suis rattrapée par un cancer des ovaires, je vais laisser 3 orphelins, valait-il la peine de les mettre au monde ?
Valérie, je ne veux pas te laisser croire que je suis plus à plaindre qu'une autre. Simplement montrer que parfois dans la vie, il y a des situations où on ne peut rien faire. Nous ne sommes pas maître de tout.
Il faut savoir accepter une part de fatalisme. Faire le tri sélectif de ses souvenirs. Allez de l'avant. Garder la zénitude. ;)
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